À quelles conditions peut-on considérer que Jésus fut aussi le détenteur d'une authentique philosophie ? Et pourquoi diable Nietzsche, qui construit toute sa pensée sur l'opposition entre l'esprit libre et le nihilisme de la morale chrétienne, trouve-t-il si positive la figure du Christ ? Avec Olivier Ponton, coauteur de "Nietzsche - Philosophie de l'esprit libre".
La confiance fonde le lien social, mais la trahison et la rupture des promesses semblent des constantes en démocratie. Or, si la confiance se trahit aussi facilement, est-elle si indispensable à la collectivité ? Raphaël Enthoven s'entretient avec Emmanuel Delessert, professeur de philosophie et auteur d'"Oser la confiance" (Marabout).
"Immobile à grands pas" : Gilles Deleuze a emprunté cette formule à Paul Valéry pour dire qu'en restant immobile, on pratique un voyage sur place. Comment comprendre que le mouvement se réalise à la faveur de contraintes, de blocages, d'instants d'immobilité ? Comment restituer le mouvement en peinture ? Entretien avec Jean-Clet Martin, auteur de "Deleuze" (Éditions de l'éclat).
Le dessin est une sorte d’archive spontanée, de conservation de ce qui est perdu par la force suggestive des lignes et des traits. Le dessin n’a-t-il pas alors une fonction cognitive ? La forme n’est-elle pas ce qui est connaissable ? Mais quel est alors le rapport entre le dessin et la couleur ? Quel est le rapport entre le dessin et la vie : est-ce que l’autonomie du dessin en fait une création vivante ou bien est-ce la couleur qui représente la vie, comme débordement, et transgression des contours ? La peinture est-elle fille du dessin ? Le dessin est-il fils du deuil ? Qu’ajoute la couleur au dessin ? Peut-on dessiner le mouvement lui-même ? Ainsi parlait le dessin… Comment un dessin peut-il coûter la vie ?
Vladimir Jankélévitch disait qu’on ne fait jamais assez de bien, mais toujours le mal une fois de trop. D’où bien cette asymétrie ? Ne faut-il pas plutôt penser que le bien et le mal sont les deux pôles symétriques, les deux axes sur lesquels on peut repérer nos actions ? Et si le bien est relatif, et qu’à la limite, est « bon et bien » pour un individu tout ce qu’il lui semble souhaitable de viser, alors où peut être le mal, dans l’absolu ? Si le mal est un fait, le bien est-il une fiction ? Que signifie l’interdiction de manger le fruit ? Pourquoi sortir du paradis ? Existe-t-il un mal absolu ? Peut-on vouloir le mal pour le mal ? Et si le bien était un mal ?
Que vaut l’identification actuelle du sport au sport de haut niveau, comme spectacle d’une performance extrême ? Le sport moderne de haut niveau est-il tout le sport? La différence entre le monde des grecs, clos, fini et harmonieux, et l’univers moderne, en expansion et en déformation infinies, ne se lit-elle pas dans le corps des sportifs ? Le sport doit-il viser l’accomplissement ou le dépassement indéfini de soi ? D’un monde clos à un univers infini ? Que reste-t-il de l’harmonie dans le sport aujourd’hui ? Se doper, est-ce tricher ou obéir ?
D’où vient que la BD peine à se faire reconnaître comme un art, au même titre que la littérature ou la photo ? Pourquoi, alors qu’elle se divise en traditions et en écoles, et qu’elle connaît un tel succès populaire, n’est-elle pas aussi valorisée que le cinéma ? Peut-être parce qu’il reste encore à montrer combien elle donne à penser… La bande dessinée, un art bâtard ? Comment le dessin suggère-t-il le mouvement ? Comment la bande dessinée joue-t-elle avec la vitesse ? La bande dessinée est-elle un apprentissage de soi ?
Où se trouve la vraie fidélité : dans l’aveugle adhésion au texte ou dans l’examen critique ? Peut-on appliquer à l’étude du Coran la parole de Zarathoustra : "N’aie cure de n’être fidèle qu’à toi-même et tu m’auras suivi." ? Raphaël Enthoven s'entretient de ces questions avec Souleymane Bachir Diagne, spécialiste de l'histoire des sciences et de la philosophie islamique. Souleymane Bachir Diagne est un philosophe sénégalais, né en 1955 à Saint-Louis (Sénégal). Professeur de langue française à la Columbia University, c'est un spécialiste de l'histoire des sciences et de la philosophie islamique.
A quoi tient cet inquiétant pouvoir de la raison, capable du meilleur comme du pire ? Comment la raison peut-elle être si puissante, lorsqu’elle veut connaître la nature, et si déraisonnable, lorsqu’elle peut se rendre maîtresse du monde ? Mais la raison peut-elle vraiment tout ? La science pourrait difficilement donner sens à nos vies et combler l’existence. Faut-il alors, comme Faust, pactiser avec l’irrationnel, pour échapper à la raison scientifique, ou bien croire que la raison peut fonder la morale ? La raison, entre technique et morale ? Toute-puissance de la raison ? Quelle est la différence entre fabrication et organisation ? Faust, ou la déraison rationnelle ? Le diable est-il l’enfant de la raison ? La démesure est-elle une limite au pouvoir de la raison ? La raison est-elle mise en échec par la folie ?
Nous voulons identifier ce qui peut nous rendre heureux, mais avant de goûter au bonheur, nous ne pouvons jamais savoir ce qui a réellement le pouvoir de le produire. Le bonheur nous renvoie du coup à une désignation aussi nécessaire qu'impossible ! Mais le bonheur est-il réellement dans les choses, dans ce qu’elles nous apportent de l’extérieur ? Ou bien n’est-il pas dans notre capacité à nous contenter de toutes les occasions qui nous le réalisent ? Mais alors comment le faire durer ? Comment désirer le bonheur sans savoir ce qui rend heureux ? Le bonheur est-il une souffrance ou un ennui ? Le bonheur est-il un désir assouvi ? Le bonheur est-il affaire de volonté ou de désir ? Peut-on construire le bonheur ? Le bonheur est-il un optimisme ou un pessimisme ? Peut-on trouver le bonheur dans l’attente ? Savoir qu’on est heureux, est-ce déjà ne plus l’être ?
Y a-t-il de bonnes raisons d’avoir peur ? La peur est-elle un affect objectif, qui suit la vue de scènes horrifiantes, pour nous pousser à les fuir ou les éviter, ou bien est-elle une émotion qu’il faut préalablement calmer avant d’agir ? La peur est-elle un bon motif d’action ? Est-il raisonnable de faire peur aux gens, pour qu’enfin ils modifient leurs comportements et prennent conscience du danger écologique ? Ne vaut-il pas mieux agir par prudence et désir de meilleur, que par peur du lendemain ? Y a-t-il une pédagogie de la peur ? Faut-il prédire le pire pour y échapper ? La peur est-elle une passion conservatrice ?
Quelle est cette mode du selfie ? N’est-ce qu’un phénomène éphémère ou le symptôme d’une profonde métamorphose du "moi" ? Que dit-il de notre narcissisme ? Nous révèle-t-il des choses que nous ne sommes peut-être pas prêts à entendre ? Invités : le comédien Benoît Facerias et la psychanalyste Elsa Godart, auteure notamment du Sentiment d'humanité (Ovadia, 2014) et de Je selfie donc je suis – Les métamorphoses du moi à l'ère du virtuel
Doit-on accepter de passer d’une médecine qui "répare" à une biotechnologie qui "améliore" l’homme ? Pourquoi l’espèce humaine se priverait-elle d’aller mieux, en repoussant ses frontières naturelles ? Raphaël Enthoven en débat avec l'ancien ministre Luc Ferry et le comédien et spécialiste des comics Aurélien Lemant.
Après les confinements, tout le monde s'est rué dehors. De nouveau, la maison est faite pour être oubliée. Pourtant, ne doit-on pas penser ce qui se passe dans l'espace domestique ? Comment s'opère la différence entre le «dehors» et le «chez soi», entre l'extérieur et le familier ? Avec Emanuele Coccia, auteur de Philosophie de la maison, l'espace domestique et le bonheur, et Marcel Baty, architecte
Si l'on met de côté l'abstentionnisme passif, qui vient du désintéressement des citoyens à la chose publique ou d'un manque de socialisation politique, y a-t-il une abstention active ? À quelle condition ne pas voter est encore exprimer sa voix ? Faut-il condamner l'abstention, au motif qu'elle mine un droit durement acquis, ou y voir une forme d'engagement ? Est-ce du courage ou encore de la lâcheté ? Avec la participation de Florent Guénard, philosophe, et de Céline Kompa, ancienne journaliste et ex-cheffe de cabinet.
Aurions-nous aujourd’hui oublié la sagesse des Grecs anciens qui s’émerveillaient chaque jour du soleil ? Serions-nous devenus indifférents à la lumière ? Réponses avec Emma Carenini, philosophe, auteure de "Soleil – mythes, histoires et sociétés", et Claire Villars-Lurton, vigneronne, propriétaire de grands crus classés.
Les extraterrestres sont-ils dans nos têtes ? Ou bien peuplent-ils des mondes lointains, hors de toute portée ? Faut-il se préparer à un premier contact ? Comment communiquer avec une forme de vie intelligente par principe absolument différente de nous ? Raphaël Enthoven s'entretient avec Thibaut Gress, professeur de philosophe, et Jean-Louis Lagneau, ufologue.
Faut-il penser avec Raymond Aron que "qui veut la paix prépare la guerre" ? Au moment où la guerre revient sur le sol européen, réflexion sur les raisons de la guerre et les conditions de la paix en compagnie de Jean-Vincent Holeindre, agrégé de science politique, et Dominique Schnapper, sociologue et politologue, qui est aussi la fille de Raymond et Suzanne Aron.
La question de l'humiliation n'est pas que morale ou psychologique, elle est aussi politique : quelle est la différence entre choquer, humilier ou diffamer ? Se sentir humilié est-il le ressort affectif de la révolte ? Raphaël Enthoven s'entretient avec le professeur de philosophie et d'éthique Olivier Abel et l'historienne Annette Becker.
Pierre Bourdieu avait quitté la philosophie pour la sociologie, qu'il dépeignait comme un "sport de combat". Mais la philosophie est-elle cet exercice contemplatif où l'intellect, séparé des corps, se balladerait dans le ciel des idées ? Loin d'être consolatrice, n'a-t-elle pas vocation à étonner, interroger et donc déranger ? La philosophie est-elle le combat du débat ?