Ariane et Gérald abordent le printemps au Lac St-Pierre pour y chercher la fougère à ses premiers jours : la tête de violon. Notre-Dame-de-Pierreville, située sur les berges du lac, est la Mecque des têtes de violon. Père et fille traversent une forêt majestueuse en quête de la première plante comestible de la saison, particulièrement abondante dans cette région. La tête de violon, c’est une plante préhistorique, toujours fidèle malgré les millénaires. Les Amérindiens en faisaient leur régal printanier, c’était d’ailleurs le seul légume vert disponible en grande quantité à cette période de l’année.
Cette semaine Ariane et Gérald respirent l’air salin de la Gaspésie. Le nez au vent, ils tournent les talons vers le continent à la recherche de perles vertes, les boutons de marguerites. Nos coureurs des bois tâtent des herbes folles, à en perdre les pétales ; car il faut des doigts de fée pour dégrafer les couronnes vertes ! Et une patience d’ange. À genoux, en plein soleil, les mouches bourdonnant dans les oreilles, les yeux fixés sur la marguerite à la recherche des petits boutons, le risque de tomber sous hypnose est grand.
Les pieds blindés dans leurs bottes d’eau, nos bourlingueurs nous entraînent cette semaine dans un marais de Pointe-Fortune, en Montérégie, en quête de velours bruns sur tige : les quenouilles. Mais pour cueillir la quenouille, ça prend du cœur au ventre ! Car pour en extraire le cœur tendre comme Ariane et Gérald entendent le faire, on doit cueillir une cinquantaine de plans pour faire un repas, puisque l’organe ne représente qu’une infime partie de la plante.
Natashquan. Un « terre et mer » où a germé le lyrisme de Vigneault. Sur cette étendue caressée par les vagues, là, tout au bout de l’asphalte, est née Ariane. Il y germe aussi un petit fruit jaune rempli de poésie, la chicouté. Pour Gérald, ce retour à Natashquan, c’est un goût de souvenirs des années passées. Pour Ariane, c’est la cueillette d’un fruit que les Innus appelaient la « framboise de feu ». La chicouté a l’allure d’une grosse framboise. Mais avec son goût qui combine subtilement ceux de l’ananas et de l’abricot, la baie nordique se déguise en fruit exotique.
Ariane et Gérald se retrouvent dans les champs en friche de la région de Wakefield, un des premiers villages à avoir vu le jour le long de la Gatineau, en Outaouais. Cette semaine, on cueille la gousse de l’asclépiade, fruit vert surnommé petit cochon. Détestée des cultivateurs, car elle pousse en abondance sur leur terre, dédaignée des animaux qui refusent de s’en nourrir, l’asclépiade a une réputation à refaire !
Cette semaine, nos coureurs des bois ont attrapé la rivière St-Charles à la hauteur de Wendake. La nature reprend le dessus sur ce territoire, là où se rencontrent une chute et un torrent qui enterrent les bruits des voitures. Tantôt la tête dans les airs, tantôt Ariane sur les épaules de Gérald, ils cueillent des grappes en chapeaux rouges comme des cônes : le fruit du sumac vinaigrier.
Cette semaine, Ariane et Gérald prennent le bord du Saguenay, par le Fjord, cette grande cicatrice terrestre devenue rivière. Ils sortent des sentiers battus en cueillant le petit cousin du bleuet, la baie d’amélanchier à St-Fulgence. Un petit fruit oublié, détrôné par le bleuet, plus facile à cueillir et à cultiver de façon intensive dans les bleuetières.
Ariane et Gérald débarquent à Coaticook, dans les vallonnés Cantons-de-l’Est. Une région de vagues vertes qui pétillent de points jaunes, où les abeilles, en cette saison chaude remplie de promesses, font l’inventaire de leur garde-manger. Nos coureurs des bois butinent en rase-mottes, dans les fleurs de l’été, à chercher du goût à travers les herbes folles, entre les pissenlits et les mauvaises herbes échevelées. Cette semaine, on chasse les tisanes, à la hauteur de nos semelles. Des perles de petites plantes qui poussent, modestes. Il suffira d’un peu d’eau bouillante pour en réveiller les parfums.
Sur les rives de Kamouraska, il y a les battures. En été, quand la marée descendante laisse à découvert cette partie du rivage, c’est une place à pique-nique idéale pour Ariane et Gérald. Les pieds succionnés dans la vase, ils vont cueillir la salicorne. Ancrée dans la boue des battures, la salicorne pousse entre deux marées. Elle résiste avec acharnement au sel et au fouettement des vagues. Vert tendre ou rougeâtre, elle ressemble à un petit cactus, épines en moins.
Cette semaine, Ariane et Gérald prennent le traversier à destination d’un petit continent détaché, l’Isle-aux-Coudres. Un bout de terre à l’écart, avec des champs, du vent et de la circonférence en bord de mer. Le trésor qui se mange cette semaine, c’est la cerise à grappe. Cette plante généreuse pousse partout au Québec et Ariane et Gérald ont décidé de se faire plaisir pour cette belle cueillette dans l’abondance en débarquant sur ce point qui flotte au milieu du St-Laurent.
Cette semaine, nos coureurs des bois viennent goûter à la forêt généreuse de Girardville, au Lac Saint-Jean. Gérald et Ariane tâtent le vert des feuillages et le gris des troncs à la recherche d’un trésor en pépites dorées, la chanterelle, le champignon le plus connu et apprécié des Québécois.
Nos chercheurs de douceurs à déguster, Ariane et Gérald, mettent les voiles sur Bedford pour aller cueillir des petites billes noires de sureau blanc. En Estrie, damier dessiné en cantons, l’automne chaud a fait mûrir les baies de sureau tranquillement. Les fruits, si nombreux et si lourds, font pencher vers le sol les branches chargées de ces immenses ombelles. Le sureau fait le généreux, produisant des milliers de baies délicates et délicieuses pour se gaver franchement.
Ariane et Gérald terminent leur saison de cueillette près d’Amos, en Abitibi, « un pays qui pousse dans le Nord », comme disait Raôul Duguay. Nos coureurs des bois se retrouvent dans la forêt boréale, toute piquée de pins qui se tiennent debout, en quête d’un petit parasol blanc, le matsutake, un champignon dont les Japonais raffolent. À l’ombre des pins gris, ça sort de partout. En fait, ça pousse comme… des champignons ! Ariane et Gérald fouillent le sol pour en retirer ce gros champignon en prenant soin de ne pas endommager le pied, ce qui en ferait chuter la valeur.
rrivant tôt au printemps, les morilles suscitent la frénésie chez les cueilleurs gourmands et gourmets. Produit de luxe très recherché, la morille est cueillie puis envoyée par avion dans les restaurants gastronomique qui sont prêts à payer jusqu’à 600$ le kilo.
Gérald et Ariane, coureurs des bois de père en fille, inaugurent le printemps sur la grande île de Montréal. Fuyant le rythme trépidant du centre-ville, Ariane et Gérald vont découvrir, à deux pas du terminus d’autobus, une véritable forêt vierge qui pousse ailleurs que dans les craques des trottoirs.
Quand les Vikings sont arrivés sur la côte Est du continent, ils ont découvert des vignes à profusion, comme si Bacchus avait fait le voyage avant eux. Mais la vigne a étiré ses branches d’un rivage à l’autre, s’accrochant un peu partout au décor québécois. À force de s’entortiller, elle a aussi garni le pied des Laurentides, à Mirabel, où Ariane et Gérald se font découvreurs du garde-manger de la nature.
C’est au Bic que se rendent cette semaine les Coureurs des bois. En Cyrano des berges, aux limites de la terre, du soleil et du vent, là où commence la mer, ses mystères, ses abîmes, ils cueillent ensemble des plantes maritimes.
Ariane et Gérald visitent l’île d’Orléans, ce bout de terre posé au milieu du fleuve, comme un trait d’union entre la chaîne des Appalaches et le plateau laurentien. Un coin de terre tellement généreux qu’il y pousse même ce qu’on n’y cultive pas… Ici aussi la nature a des offrandes sauvages à servir aux cueilleurs.
Ariane et Gérald ont pris la route des baleines jusqu’aux Bergeronnes, tout près de Tadoussac, pour aller faire l’épicerie dans les épineux. En haute Côte-Nord, la forêt est noire de conifères.
Gérald et Ariane, coureurs des bois de père en fille, ont suivi la ligne des dunes des Îles de la Madeleine pour aller débusquer dans les foins et les marais quelques délices à se mettre sous la dent. Ces fruits portent ici les noms de berri et de pomme des prés, mais on les appelle aussi airelles et atocas. Comme des cousins élevés dans deux villages, avec des airs de famille, mais résolument différents.
Les Coureurs des bois établissent leurs quartiers pour une cueillette printanière dans une érablière Laurentienne de la Montérégie. Gérald et Ariane marchent sur la pointe des pieds pour fouiner le sol à la recherche de denrées rares et de trésors à protéger.
Cette semaine, Ariane et Gérald déroulent leurs semelles jusqu’à Portneuf pour voir à quel point la nature est généreuse entre les vallons des Laurentides et la rive nord du Saint-Laurent. Les Coureurs des bois, suivant leur bonne étoile et cherchant le défi, aboutissent les deux pieds dans l’eau pour cueillir la sagittaire. Ce signe gastronomique, comme une petite pomme de terre sauvage, se cueille dans l’envers du ciel : c’est-à-dire sous les pieds, dans la vase.
Cette semaine, Ariane et Gérald visitent un coin de la carte riche en faune et en flore, un garde-manger cerné de plages en boucles et à l’infini : le réservoir Baskatong. Cette mer intérieure de l’Outaouais, c’est l’invention d’un barrage construit au début du siècle dernier, un bassin qui a repoussé les limites du sauvage par ses terres inondées. Et pour le pimbina qui aime bien le bord des lacs et des ruisseaux, ça fait juste plus de contours où pousser.