Le point de départ d’Alfred de Montesquiou pour son périple le long de l’ancienne route de la soie est le même que celui du plus fameux des voyageurs à l’avoir jamais parcourue, à la fin du XIIIe siècle : Venise, ville d’origine de Marco Polo. D’emblée, en explorant la basilique Saint-Marc, on regarde dialoguer les civilisations. D’une ancestrale fabrique de mosaïque, qui travaille toujours selon les techniques héritées de Byzance, à un atelier de tissage hors du temps, d'une restauratrice spécialiste de l'histoire de la gastronomie vénitienne à un spécialiste des légendes locales, cette promenade à la découverte des merveilles de la cité des Doges s'achève, au détour d’un canal, devant un trésor peu connu : la bibliothèque du monastère arménien de la lagune, avec ses quelque cent soixante-dix mille volumes composés dans toutes les langues de la route de la soie.
Aux limites du continent européen, sur les terres de l’antique Thrace, Alfred de Montesquiou entre en Turquie par la ville d’Edirne, et découvre les splendeurs de l’architecture ottomane ou une étonnante lutte traditionnelle "à l'huile". Le complexe de Bayezid II constitue un exemple singulier de la réunion des savoirs véhiculés par la route de la soie. Après un passage par Istanbul, symbole par excellence du dialogue constant entre les deux mondes, Alfred de Montesquiou visite Bursa, qui fut un temps la capitale des Ottomans, de ses faubourgs plein de charme au Karagöz, le petit théâtre d'ombres traditionnel turc.
Au cœur de l’Anatolie, Alfred de Montesquiou découvre à Sultanhani l’un des nombreux caravansérails qui jalonneront son voyage. Celui d’Aksaray illustre parfaitement l’architecture des Seldjoukides, ces premiers Turcs qui bâtirent un empire régional. Avec un passionné d'art et d'histoire, Ahmet Diler, il admire la mythique Cappadoce et ses "cheminées de fées", habitations et églises troglodytes aux murs recouverts de lapis-lazuli. En étudiant les motifs des tapis kilim, Ahmet et Alfred retracent l’identité et l’histoire des peuples de la région. Une parenthèse passionnante en compagnie de la communauté des alévis marque l'entrée dans les terres orientales. Sur les hauts plateaux, après une belle rencontre musicale avec un luthier, poète et interprète de Kars, Alfred de Montesquiou parvient sur le majestueux site archéologique d’Ani, ancienne capitale arménienne au Moyen Âge.
Alfred de Montesquiou découvre l’Iran par le nord, dans la ville qui fut longtemps le centre névralgique de la route de la soie en Perse : Tabriz. Dans son bazar – le plus beau du pays, dit-on –, il flâne à travers allées et échoppes à la rencontre des commerçants et des badauds. Il s’entretient avec l'architecte Faribouz Esmaeli, qui fut en charge de la rénovation exemplaire de ce lieu unique. Tabriz est également le centre de la discrète mais ancienne communauté arménienne d’Iran. Après avoir visité l’église Sainte-Marie, Alfred de Montesquiou partage la table de l’archéologue Karen Sarkisian et de l’institutrice Narineh Sayadian. En quittant la ville, il s'arrête au caravansérail de Jamal Abad, face à de splendides paysages.
À Qazvin, un ancien caravansérail se trouve au cœur du bazar. Alfred de Montesquiou évoque avec une jeune journaliste locale, Atefe Hosseini, les liens qui unissent encore les Iraniens à l'histoire de la route de la soie. À 2 000 mètres d’altitude, il visite ensuite les ruines du château de Hasan Sabbah, chef de la secte des Hashashin, fumeurs de drogue et tueurs qui sont à l’origine du mot "assassin" en français. Ayant traversé d'époustouflants paysages, Alfred de Montesquiou rejoint la capitale, Téhéran. Après une partie d’échecs victorieuse, il plonge dans son étonnant tumulte pour découvrir une mégapole ouverte et diverse, et passe des joies du skate à celles du polo, un sport inventé en Iran.
À Kashan, oasis au centre de l'Iran, Alfred découvre le jardin de Fin qui fit la renommée des Perses. Dans le temple de Chak Chak, découverte du zoroastrisme, le plus ancien monothéisme. Alfred en apprend plus sur cette ancestrale religion perse dans la sublime Yazd, au sud du pays. Avant de quitter le pays, impossible de ne pas visiter Ispahan, merveille de raffinement, où les cultures se mêlent à l'élégance persane.
Au temps d'Alexandre le Grand, l'Ouzbékistan, délimité par le fleuve Oxus – aujourd'hui Amou-Daria – s'appelait la Transoxiane. Arrivé à Boukhara, dans le centre du pays, Alfred de Montesquiou découvre les charmes d'une cité où le multiculturalisme est à l'honneur en compagnie, notamment, d'un professeur d'histoire, d'un rabbin, d'un spécialiste du soufisme, d'artistes et d'artisans.
Le grand reporter Alfred de Montesquiou suit les traces de Marco Polo de Venise à Xi’an. Poursuivant son périple en Ouzbékistan, il arrive à Samarcande, mythique capitale au XIVe siècle de l'immense empire du Grand Khan Tamerlan. D'abord guidé à travers la ville par un passionné d’histoire, il est convié à un fabuleux voyage dans les splendeurs du passé par une restauratrice d'art.
Après Tachkent, la capitale de l’actuel Ouzbékistan, Alfred de Montesquiou découvre la vallée de Ferghana, un monde à la frontière de l'Orient et de l'Occident où s'entremêlent les cultures turque, perse et chinoise. À nouveau, l’art illustre le mieux ce creuset de civilisations, que lui fait découvrir Mariam Ashurova, directrice d’un théâtre de marionnettes.
Si l’arrivée au Kirghizstan se fait à Och, dans les allées du bazar, Alfred de Montesquiou découvre vite ce qui fait la particularité du pays : des montagnes et des steppes où la notion de limites et de frontières n'ont pas cours. Invité à partager un repas sous la yourte d'une famille de la tribu des Sayak, il s’imprègne de la vie quotidienne avant d'assister à une partie de "bouzkachi" (bataille équestre dont l'enjeu est une carcasse de mouton) près des rives du lac Song-Koul. À la fois conteur et chaman, un "Mantachi" lui présente l'épopée de Manas, récit poétique de la lutte pour l'indépendance des nomades kirghizes contre les Chinois.
Alfred de Montesquiou fait ses premiers pas en Chine en entrant dans la ville de Kashgar, dans le Xinjiang. Couvrant un sixième de la superficie du pays, cette région est celle où est établie la minorité ouïgoure, turcophone. À l’époque de la route de la soie, Kashgar était un important carrefour pour les caravanes qui se rendaient en Inde, en Asie centrale ou jusqu’à Xi’an. Après avoir rencontré plusieurs commerçants dans des marchés, Alfred de Montesquiou se met en route pour Tashkurgan, où il est convié à un mariage tadjik.
En bordure du désert de Gobi, à Tourfan, Alfred de Montesquiou découvre un astucieux système d’adduction d’eau et s’étonne de l’omniprésence des vignobles. Invité par les membres d’une famille ouïgoure, il découvre leur mode de vie et leurs méthodes de culture. Étape importante sur la route de la soie, Gaochang était connue pour être une cité d’érudits. Aujourd’hui, il n’en subsiste que des ruines. Mais pendant quinze siècles, les habitants ont creusé une vaste nécropole, dont nombre de corps ont été momifiés par le climat sec. Le site archéologique de Jiaohe, cité aux deux tiers troglodytiques et aux nombreux temples, impressionne le journaliste. Dans un parc à Urumqi, il se lie d’amitié avec de jeunes ouïgours, mongols et han, unis par une passion commune : le parkour, discipline qui consiste à effectuer des figures acrobatiques dans le paysage urbain.
Après l’éprouvante traversée du désert du Taklamakan, les caravanes de la route de la soie atteignaient officiellement la Chine. Dans les dunes de l’oasis de Dunhuang – les fameuses dunes chantantes de Marco Polo –, Alfred de Montesquiou rencontre une éleveuse de chameaux, animaux sans lesquels le commerce eût été impossible. Aujourd’hui, l’oasis est devenue un haut lieu du tourisme, mais cet écosystème est fragile et il faut veiller à sa préservation. Le professeur Jianju Qu, géographe, étudie les mouvements de sable. En lisière de Dunhuang s’ouvre la vallée des Mille Bouddhas, site archéologique abritant des vestiges datant du IVe au XIVe siècle. On y trouve pas moins de 492 grottes et des salles peintes. Dans l’une des grottes trône un bouddha de 36 mètres de haut, le plus grand de Chine. Alfred de Montesquiou s’entretient avec les conservateurs de cet extraordinaire patrimoine.
À l’entrée du village de Liqian, Alfred de Montesquiou découvre la statue de légionnaire romain qui salue un soldat chinois. Selon la légende, les descendants des légions perdues de Crassus auraient terminé leur existence ici. Rejoignant ensuite la cité industrielle de Lanzhou, le long du fleuve Jaune, le journaliste poursuit sa route jusqu'au village de Xibe He Kou.
Alfred de Montesquiou arrive dans la province du Shaanxi à Xi’an, où les caravanes de jadis terminaient leur long périple. Au programme de cette dernière escale : la visite de l’atelier de la styliste Fan Yanyan, le quartier de la minorité musulmane hui, où se dresse la grande mosquée de Xi’an, la plus ancienne de Chine, et une rencontre avec le professeur Yue Yu, qui raconte comment les textes fondamentaux du bouddhisme ont été rapportés au VIIe siècle par le sage Xuan Chang. Après avoir assisté aux répétitions d’une troupe d’acrobates, Alfred de Montesquiou achève son voyage près du tombeau de Qin Shi Huangdi, le premier empereur à avoir unifié la Chine : son armée de terre cuite semble veiller sur son repos pour l'éternité.