Un film féministe, Pretty Woman ? Féministe, cette comédie romantique de 1990, qui fait l'apologie du bonheur par la surconsommation de robes de luxe, qui montre la prostitution sous un jour quasi-idyllique, et se termine par l'enlèvement de la bergère par le prince charmant ? Eh bien oui, il est possible de voir dans la bluette culte un film qui casse les codes, et brouille à sa manière les frontières de genre.
Longtemps Hollywood dissimula les homosexuels, et l'homosexualité. Il fallait regarder entre les images comme on lit entre les lignes. Il fallait déchiffrer les sous-entendus, capter les allusions, apprécier et savourer entre initié.e.s. A ceux qu'on n'appelait pas encore la communauté gay, le cinéma envoyait des messages subliminaux, qui échappaient aux censeurs, ou aux indifférents.
Une famille de chômeurs-feignants, la plus caricaturale qui se puisse imaginer : et pourtant la série des Tuche est un immense succès populaire. Et pourtant, le 3e volet, les Tuche 3, (qui vient de décrocher le César du public, à la grande colère d'une partie de la critique) a même paru anticiper les Gilets jaunes, avec cette histoire de Jeff Tuche, président de la République en short et en baskets, qui ridiculise tous les codes du pouvoir suprême français.
Mais comment Hitler est-il devenu LOL ? Comment de jeunes internautes des Années 2010, se perdant parfois eux-mêmes entre le premier, le second, et le 23e degré, en sont-ils venus à rire de Hitler, des nazis, et même de l'extermination des Juifs, comme l'a notamment révélé l'affaire de la Ligue du LOL ? Avant d'être un sujet de dérision sur Internet Hitler fut, dès les Années 40, un sujet comique dans les salles de cinéma. Mais rire de Hitler, est-ce forcément rire contre Hitler ? De Chaplin à Tarantino, en passant par "Papy fait de la résistance", petit passage en revue des appropriations du Führer par les cinéastes du 20e siècle.
Combattre les stéréotypes racistes, ou les stéréotypes sur l'homosexualité : ce sont les intentions louables de nombreux films. Mais pour combattre les stéréotypes, encore faut-il, au cinéma, les montrer. Et c'est ici que les ennuis commencent, et que les bonnes intentions ne sont pas toujours bien comprises. Au générique de notre sixième émission PostPop, Omar Sy, Isabelle Adjani, ou Al Pacino. excusez du peu !
Mais comment Jean-Pierre Marielle, disparu le mois dernier, est-il devenu un acteur-culte ? Comment les quelques rôles d' ""hétéréo-beauf hâbleur" (Libération)", parfois ignoble, qu'il interpréta dans les années 70, en pleine première vague du féminisme, lui ont-ils valu cette cote à retardement ? Peut-on dire que ses deux films les plus caractéristiques de ce point de vue, "Les galettes de Pont-Aven'" (1975) et "Calmos" (1976), participent d'une misogynie, voire d'une "culture du viol" à la française ? Jamais décalage n'avait été plus frappant entre l'époque de production d'un film, et aujourd'hui. C'est pourquoi ce sujet s'est imposé, pour notre 7e édition de PostPop.
En apparence, les films d'horreur, de Halloween à Scream, se caractérisent surtout par la présence de deux éléments : un prédateur plus ou moins masqué, armé d'un instrument tranchant. Et une proie, généralement féminine, qui hurle en Dolby Stéréo, et grimpe stupidement au premier étage, quand il serait plus judicieux de sortir dans le lotissement, et d'alerter les voisins. Pourtant, le film d'horreur ( ou "slasher", d'après le bruit que fait le couteau pénétrant dans les chairs) ne se réduit pas à ce schéma. Le personnage féminin est bien plus subtil qu'on ne l'imagine : souvent, c'est la "final girl", comme son nom l'indique, qui triomphe à la fin. Et le genre a même été subverti, pour dénoncer le racisme (Get out), ou dépeindre les terreurs de l'adolescence (Grave). Eteignez vos téléphones portables, la séance commence.
Quarante ans plus tard, si on revenait sur les années Reagan, et leur série emblématique : Dallas. Arrogance des nouveaux riches, cynisme, course au dollar (cf le mémorable JR) : la série renforce-t-elle cette idéologie, ou au contraire mine-t-elle le reaganisme triomphant en dépeignant ces personnages moralement détestables ? Même question pour le patriarcat : les femmes, malheureuses de la série (cf la mémorable Sue Ellen), servent-elles à interroger et bousculer la position des femmes au sein du mariage , ou sont-elles des figures de résignation, désamorçant toute tentative de remise en cause d'un modèle de genre traditionnel chez les spectatrices ? Toujours avec Delphine Chedaleux et Rafik Djoumi, plus actuelle que jamais, notre PostPop de rentrée est ici.
Vous pensiez connaître Tarzan ? Son fameux cri de bête ? Ses ""moi Tarzan, toi Jane"" ? Vous n'en connaissiez rien. Et notamment, la manière dont le roi de la jungle, depuis un siècle qu'il a envahi les salles de cinéma, a épousé toutes les époques, toutes les modes. Il est allé visiter New York. Il a affronté des nazis, des communistes, des esclavagistes. Les pudeurs ou les libérations l'ont habillé, ou déshabillé (ainsi que Jane). Quant aux Africains, ils ont mis bien longtemps à sortir de leur statut de porteurs dociles, ou de féroces sauvages.
Deux ans après sa disparition, il est temps de poser la question : Johnny Hallyday a-t-il existé ? Précisons cette étrange question : n'a-t-il été qu'une création marketing pour consommation exclusivement francophone ou bien, dans ses chansons, ses clips, les films dans lesquels il a tourné, un authentique créateur de formes originales ? Et comment comprendre qu'il soit à la fois si populaire, si consensuel, et si largement méprisé ?
"Lolita" serait-elle aujourd'hui interdite de cinéma ? Et avec elle, tous les films mettant en scène la relation entre un adulte et une jeune adolescente, comme "Beau-père", de Bertrand Blier, ou "Un moment d'égarement", de Claude Berri ? Après l'affaire Weinstein, après #MeToo, après l'affaire Matzneff en France, les limites du toléré ont-elles bougé ? Comme pour Gabriel Matzneff en littérature, la production cinématographique des années 70 a-t-elle bénéficié de la tolérance du milieu du cinéma et des médias ?
"Rape and revenge", viol et vengeance : c'est un genre cinématographique. Avec ses codes. Avec ses passages obligés. Un genre, rappelle Rafik Djoumi, né du film gore, lui-même né de la libéralisation des mœurs des années 70. ""Quand on s'est rendus compte que la nudité n'était plus sulfureuse, il a fallu trouver des choses qui choquent. Du sexe choquant".
Fut un temps, avant de devenir un sujet d'angoisse et de psychose mondiales, où la pandémie était un sujet de films. Tourné en 2011, "Contagion", de Soderbergh, avec Marion Cotillard et Matt Damon, stupéfie par sa prescience. Explosion foudroyante, sidération générale, pouvoir paniquant d'une simple toux grasse : tout cet enchaînement qui nous saisit aujourd'hui, était donc déjà connu dans tous ses détails ? Mais comment les scénaristes s'étaient-ils documentés ?
Chaque jour à 14 heures, France 2 vole au secours du moral de la France confinée, avec un film "patrimonial". Au menu, Bourvil, de Funès, Belmondo, Rochefort, et autres valeurs sûres (et masculines). Fureur d'un critique ciné de" Libération", qui évoque à propos de cette sélection "un gigot surgelé chez Mémé". Nos postpopeurs, eux, aiment plutôt ces films populaires. Tout en remarquant la quasi-absence des grandes comédiennes (Adjani, Romy Schneider), l'absence totale des films étrangers, et des oeuvres trop anciennes, ou trop récentes. Quels sont donc les critères du film "patrimonial" selon France 2 ?
Un beau, un grand film : tout le monde tombe d'accord dans notre émission. Un joyau du patrimoine cinématographique de tous les temps, ce film-fleuve de 1939," Autant en emporte le vent". Et le plus rentable de toute l'histoire du cinéma, aussi. Que les crieurs des chaînes d'info, qui tremblent de cette "censure stalinienne" se rassurent : il n'est nullement menacé d'interdiction par "l'effet George Floyd". La plateforme HBO a simplement proposé d'en suspendre la diffusion, en attendant de pouvoir le "recontextualiser". En a-t-il besoin ? Faut-il rappeler à ses spectateurs les méfaits de l'esclavage, dont il donne une vision totalement édulcorée - le mot esclavage lui-même est à peine prononcé ? C'est le sujet de notre sereine émission, avec Rafik Djoumi et la sociologue Marie-France Malonga.
C'est une question qui taraude forcément tous les cinéphiles : Clint Eastwood existe-t-il ? Plus précisément, est-ce le même cinéaste, qui est l'auteur de films relevant du genre Bourrin le plus accompli, comme "Le maître de guerre", et quelques chefs d'oeuvre salués à la fois par la critique et par le public, comme "Bird", biopic du musicien Charlie Parker, ou le western crépusculaire "Impitoyable" ? Clint Eastwood peut-il se découper en périodes ? Danse-t-il d'un genre à l'autre, en fonction de facteurs psychologiques ? Météorologiques ? Financiers ?
Comment le cinéma français, ces vingt dernières années, s'est-il emparé du huis-clos d'une salle de classe, quand ça dérape entre profs et élèves, notamment pour des raisons de prescriptions religieuses liées à l'Islam ? Après l'assassinat de Samuel Paty, nous nous sommes posés cette question toute simple.
Des princesses qui chevauchent ou manient l'épée (Princesse Saphir, ou Lady Oscar) ; de beaux jeunes hommes longilignes aux cheveux longs ; des créatures androgynes, qui glissent entre les sexes et les genres : le "gender fluid", la fluidité de genre, est comme chez elle dans les animations japonaises.
Elle en a fait le ressort de son dernier spectacle : l'autodérision est une humiliation. Et il faut donc arrêter. Avec cette soudaine prise de conscience, l'humoriste lesbienne australienne Hannah Gadsby a fait un malheur sur Netflix. Et il est vrai que de l'autodérision à l'autodénigrement, la distance est parfois mince.
Le film "Kaamelott", d'Alexandre Astier, prolongeant la série du même nom, est-il trop blanc, et trop masculin ? Née d'une interview de la médiéviste Justine Breton au site "Konbini", la polémique a embrasé cet été les fans en ligne de la série. Force est de constater qu'à l'inverse d'autres films ou séries inspirés de la légende arthurienne, qui proposent des Arthur ou des Guenièvre racisés, Astier n'a pas pris le tournant intersectionnel.
Belmondo la bagarre. Belmondo la cascade. Belmondo la poursuite. Belmondo la drague. Belmondo la démarche, chaloupée, insolente, toujours marginal dans l'institution, jamais pris au dépourvu, par rien ni personne. Belmondo la masculinité ? Oui, bien sûr. Frôlant la culture du viol ? Ah, c'est tellement plus compliqué. Un mâle alpha, oui, mais sachant se moquer de son personnage, comme dans Le Magnifique, le tourner en ridicule, sachant rire de lui-même. Comment regardons-nous, aujourd'hui, la riche filmographie de Jean-Paul Belmondo, disparu le 6 septembre 2021 à Paris ? Post-Pop ne pouvait pas ne pas rendre hommage, à sa façon, au Magnifique, au Professionnel, au Marginal, au Flic , au Voyou, au flic-voyou, et à tous les autres. Bref, à l'Unique.
Qui veut tuer James Bond ? Dans les films, c'est clair : tout le monde. Avec un arsenal redoutable, et sans cesse renouvelé. Mais en coulisse ? À voir l'évolution du personnage depuis la première livraison ("James Bond 007 contre Dr No", 1962) jusqu'à la dernière en date, en salle actuellement ("Mourir peut attendre"), le personnage aura tout subi. Et d'abord, dans sa gloire de mâle alpha. Houspillé par sa cheffe M, violenté par des James Bond girls (si, si), quasi-violé par un traître pervers, et aujourd'hui en butte à la concurrence d'une jeune femme noire : James Bond est-il victime de la traîtresse "cancel culture", et du fourbe Dr Woke ? En tout cas, le fait est qu'il résiste bien, constatent Rafik Djoumi et Delphine Chedaleux.
Et si la troupe du Splendid était réac' ? Talentueusement, mais franchement réac' ? Et si Jugnot, Clavier, Blanc, Lhermitte, Chazel, avaient d'abord bien caché leur jeu, et puis de moins en moins ? Questions provocatrices. Film "patrimonial" s'il en est, "Le Père Noël est une ordure", qui a traversé les générations, les modes, et les alternances politiques, est, ou sera certainement rediffusé sur les chaînes françaises en fin d'année. Et nous rirons, comme les années précédentes, des délectables "C'est celaaa, oui".
Quatre films pour une trilogie ! À l'occasion de la sortie de "Matrix Resurrections", il est temps de revenir sur la réception, depuis 1999, de cette trilogie disséquée, sur-disséquée, commentée, re-commentée. Son appropriation par le public, son appropriation par la gauche, la droite et les autres, par les féministes et les masculinistes, ainsi que sa contribution à la culture populaire, et... au complotisme mondial. Et surtout, il est temps de relever le défi : quoi de neuf sur "Matrix" ?
Effacée. Annulée. "Cancellée", comme on dit aujourd'hui. Pour quelques déclarations ou écrits jugés "transphobes" (elle s'en explique ici), J.K. Rowling, féministe, autrice des Harry Potter, a disparu des festivités du 20e anniversaire de la saga, et du film commémoratif produit par HBO. Parmi ses opposants les plus résolus : une partie de sa communauté de fans, cette génération née à la vie adulte dans les murs de Poudlard, avec le petit sorcier. Et à qui Rowling a enseigné les valeurs de tolérance, de bienveillance, d'égalité, ou encore de refus des autorités illégitimes. Amère ironie, pour elle, que de les voir se retourner contre elle. Rébellion matricide ? Affrontement politique ? La réponse est peut-être dans une relecture de la saga.
Quarante ans après sa disparition, Romy Schneider reste aussi fascinante. De la série des "Sissi", dans les années 50, à la période Claude Sautet dans les années 70 "(Les Choses de la vie, César et Rosalie)", quelle femme a-t-elle incarné tout au long de sa carrière ? L'épouse parfaite sans soumission ? La rebelle sans révolte ? Revus aujourd'hui à la lumière de #MeToo, que nous disent ses grands films de la marge de liberté accordée à un personnage féminin par les exigences de l'époque ? Et si, au fond, elle n'avait fait, de rôle en rôle, que se chercher elle-même ?
Dénonciateur de l'impérialisme américain, Jean-Luc Godard ? Oui. Mais aussi fan de polars US, et si fier de remettre (en anglais dans le texte !) un César d'honneur à Clint Eastwood. Contemporain de l'émancipation des femmes, dans les années 60 ? Oui, mais se plaisant à mettre en scène de ravissantes écervelées, souvent étrangères bafouillant délicieusement le français, et aliénées par les canons de la mode. Rebelle à la dictature des producteurs ? Oui, mais rajoutant sous la contrainte du producteur la fameuse scène de nu de Brigitte Bardot dans "Le mépris". Vous l'aurez compris, ce n'est pas Saint-Jean-Luc Godard, que nous célébrons dans cette émission de rentrée à l'occasion de sa disparition. Nous avons plutôt choisi de creuser ses ambiguïtés, socle de son cinéma.
Quand apparut sur les grands écrans le premier Top Gun, en 1986, la critique française n'y vit qu'un banal film de propagande pour la Navy américaine. Pensez donc : devant certains cinémas US, le Pentagone avait même installé un guichet de recrutement ! Et puis, lentement, au fil des ans, prit corps une autre lecture du film : une lecture homo-érotique. Ces frôlements, ces échanges de regards, ces brimades, ces compétitions entre de somptueux corps masculins, ne pouvait-on en faire aussi une lecture érotique ? À l'occasion de la sortie de Top Gun Maverick, en cette année 2022, il est temps de proposer une autre lecture des aventures de Tom Cruise, de ses co-équipiers, et de ses officiers. Parés pour le décollage ? Notre équipage est composée comme pour chaque vol de Daniel Schneidermann, Delphine Chedaleux, et Rafik Djoumi. Attachez vos ceintures.
"Novembre" et "Revoir Paris", les deux films sortis sur les écrans cet automne à l'occasion du procès du 13-Novembre, adoptent tous deux le point de vue des victimes, des policiers, et des services d'urgence. Pourtant, sur ce sujet du terrorisme proche-oriental dans les sociétés occidentales, il n'en a pas toujours été ainsi. La bataille d'Alger, par exemple (1965) est traitée "du point de vue" des poseurs (et poseuses) de bombes du FLN. Que s'est-il passé entre les deux ? Le 11 septembre 2001 ? Ou bien l'entrée en lice de la télé sur ce sujet chaud, avec une série comme Homeland, qui aurait modifié le point de vue ?
À quoi reconnaît-on un authentique tabou social ? À ce qu'aucun créateur n'a encore inventé un "ton juste" pour en traiter. Alors que le dessinateur de BD Bastien Vivès est accusé d'incitation à la pédocriminalité et à l'inceste, nous avons cherché à savoir comment le cinéma populaire, lui, avait traité le sujet. Premier constat : rares sont les cinéastes "grand public" à s'y être attaqués frontalement. Et le plus souvent en édulcorant, en atténuant, en contournant la question.
Fureur au ministère de la défense français : un film de Marvel, Black Panther 2, montre des militaires français en Afrique, accusés d'avoir voulu piller les ressources du royaume imaginaire du Wakanda, sommés de poser un genou à terre en signe de pardon. ""Une représentation mensongère et trompeuse de nos forces armées !"," s'exclame (à retardement) le ministre Sébastien Lecornu, qui ""rend hommage aux 58 soldats français qui sont morts en défendant le Mali
Un certain embarras... Autant les débats sociétaux sur la drogue, par exemple sur le crack ou la légalisation du cannabis, sont vifs et tranchés, autant la fiction, cinéma ou séries, semble frileuse à s'engager frontalement sur la question. Sans doute l'interdiction légale, en France, de présenter la drogue "sous un jour favorable" freine-t-elle les éventuelles velléités. Nous l'avions par exemple constaté dans une émission à propos de la série télévisée Dix pour cent.
Encore une série autour d'une journaliste ! Jeux d'influence, sur Arte, excellente histoire d'une journaliste d'investigation creusant un scandale écologique et sanitaire, où elle se confronte aux pesticides, aux syndicats agricoles, réalisée par le documentariste Jean-Xavier de Lestrade. On y reconnait sans trop de difficultés Lactalis ou la FNSEA. La journaliste n'est pas exempte de maladresses.
Lancé en grande pompe , et à grands frais voici quelques mois, le monde virtuel de Facebook, le Metaverse, qui devait révolutionner le monde, est un échec cuisant. Personne ne s'est laissé tenter par la mirifique promesse de pouvoir ""être qui vous voulez"". Comme le constatait ici-même Thibault Prévost, "la hype dure deux ans".
Elles s'appellent Paloma, Rose, Punnai ou Cookie Kunty. La télévision en a fait depuis deux ans de véritables vedettes. Elles sont drag queens, c'est à dire ""des personnes pratiquant des performances artistiques visant à incarner une identité féminine de manière exagérée"". C'est l'émission de France 2, Drag race, qui les a ainsi vedettarisées en France, insistant sur les valeurs du service public dont elles sont porteuses : tolérance, bienveillance, compétition dans la bonne humeur.
C'est l'histoire d'un film qui nous raconte que les monstres, les affreux, les différents, les hors-normes, ne sont pas forcément méchants, et qu'ils peuvent se situer au centre du récit, même d'un film pour enfants. C'est l'histoire d'un film qui a si bien chamboulé la mythologie de Disney, et si bien mêlé rêve et cauchemar, qu'à la fin on ne sait plus où est l'un, où est l'autre. C'est l'histoire d'un film qui se demande simplement où sont la norme, et le hors-norme.
Depuis le 7-Octobre, court la rumeur : si l'on veut vraiment comprendre la guerre entre Israël et les Palestiniens, il faut regarder "Fauda". Depuis 2015, en effet, cette série israélienne en 4 saisons suit une unité spéciale de l'armée israélienne chargée d'infiltrer le Hamas, avec ses têtes brûlées sans scrupules, ses pétages de plombs internes, ses succès et ses drames. Et de fait, si Fauda n'avait pas prévu le 7-Octobre, elle avait semblé anticiper une attaque palestinienne particulièrement monstrueuse, déclenchant des représailles israéliennes hors-normes, meurtrières pour les deux peuples.
Au début de l'émission, j'ai commis un lapsus. Ce sont des choses qui arrivent, quand on tourne dans les conditions du direct. J'ai confondu Schindler et Spielberg. Oskar Schindler, personnage principal de "La liste de Schindler", et Steven Spielberg, réalisateur du film sorti en France voici tout juste trente ans, et auquel nous consacrons cette émission. À la fin de notre discussion, on verra que ce lapsus n'en était pas tout à fait un. Qu'il y a peut-être beaucoup de Spielberg dans ce Schindler-là. Telle est du moins l'intuition de Rafik Djoumi. Il faut se méfier des intuitions de Rafik. Elles tombent souvent juste. Et quand elles ne tombent pas justes, elles sont si brillantes qu'on aimerait qu'elles tombent juste.
Depardieu, un masculin singulier ? Essayons de vérifier (ou pas) cette hypothèse, avec notre chroniqueur Rafik Djoumi, et Geneviève Sellier, fondatrice et animatrice du site Le genre et l'écran, en passant en revue ses rôles les plus signifiants dans ce domaine, des "Valseuses" à "Tenue de soirée". Accessoirement, après #MeToo, et les nombreuses "affaires" Depardieu, regardons-nous de la même manière les personnages qu'il incarne ?
Son nom est devenu un adjectif. "Une héroïne hitchcockienne", dit-on. Ou alors : "Une blonde hitchcockienne" (alors qu'on ne parle jamais d'un héros hitchcockien, ou d'un brun hitchcockien). Mais outre leur blondeur (avec des exceptions) quelles sont les caractéristiques communes, d'Ingrid Bergman à Joan Fontaine, de Kim Novak à Tippi Hedren, des rôles féminins dans les films d'Alfred Hitchcock ? Et quelles obsessions ces rôles trahissent-ils chez le réalisateur ? Avec Rafik Djoumi et Geneviève Sellier, de "Psychose" à "Rebecca", des "Oiseaux" à "Vertigo", nous partons en exploration de quelques constantes, dont la première semble être : quelles que soient les fautes qu'elle a commises, l'héroïne hitchcockienne doit être "punie". Et, souvent, payer cher.