« Nos jeunes ont de mauvaises manières, se moquent de l'autorité et n'ont aucun respect pour l'âge. À notre époque, ils sont des tyrans, ils répondent à leurs parents, ils sont impossibles. » Cette réflexion n'est pas le triste constat d'un directeur d'école, mais bien celui qu'a formulé Socrate, le philosophe de la Grèce antique, 400 ans avant Jésus-Christ. Qu'en est-il aujourd'hui? Les parents sont-ils plus mous qu'autrefois? Nos professeurs ont-ils l'impression que les parents ont démissionné et leur ont transféré la responsabilité d'éduquer nos enfants, notamment en ce qui concerne les règles de politesse et le respect envers les autres? Autorité, communication, fessées… Y a-t-il une recette? Pères et mères sont-ils pires ou meilleurs qu'avant? Bref, sommes-nous de bons parents?
Notre perception du Québec comme étant une société laïque où les immigrants sont plus pratiquants et plus croyants que les Québécois de souche est complètement fausse. Nous sommes toujours croyants, plus croyants que les immigrants et beaucoup plus que les Français. Le paradoxe québécois… La foi est un sujet tabou! Le passage de la puissance de l'Église au Québec vers une sécularisation rapide des Québécois a provoqué un vide existentiel, une perte des repères moraux. La nouvelle soif de spiritualité est illustrée de témoignages d'une croyante qui fait un retour à son héritage catholique et de converties dans la déferlante montée de l'évangélisme. Qu'en est-il des autres confessionnalités et du taux de pratique? Nous abordons le phénomène des « croyances à la carte » par le biais des adeptes de la Wicca, une forme de religion ou de philosophie. Sommes-nous croyants? Une question que les gens se posent particulièrement sur leur lit de mort, par exemple, à la maison Victor-Gadbois, un centre qui offre des soins palliatifs. Près de rendre l'âme, on espère encore trouver Dieu! Mais peut-être ne se trouve-t-Il pas dans les religions...
« On ne travaille pas assez… moins que les Ontariens, infiniment moins que les Américains », déclarait Lucien Bouchard en octobre 2006. Les Québécois travaillent effectivement moins que les Nord-Américains. S'agit-il d'un choix dommageable pour notre société? Le Québec a-t-il effectivement acheté un billet de train pour l'enfer ou doit-il prendre les propos de Lucien Bouchard avec un grain de sel? Du No-Vacationland des Américains aux heures de travail record des Chinois, nous nous interrogeons. La Finlande, un pays à l'économie semblable à la nôtre, a fait le choix de travailler moins et de façon plus efficace. Des entreprises québécoises prouvent que c'est possible : ne travaillons pas comme des fous! Misons sur l'éducation, travaillons mieux et de façon plus intelligente. C'est un choix qui fonctionne!
Le grand succès de l'émission Donnez au suivant, Bill Clinton qui se passionne pour l'engagement social de Bill Gates et de Bono dans son livre Donner, les organismes caritatifs qui se multiplient... Voilà autant de signes tangibles que la planète tout entière semble traverser une ère de générosité sans précédent. Sommes-nous généreux? Les Québécois seraient les habitants les plus pingres d'Amérique du Nord. Mais ils donnent à leur façon, comme nous l'avons constaté lors de situations extrêmes comme la crise du verglas. Doit-on se réjouir ou s'inquiéter de la disparition de l'État providence? Donne-t-on parce que l'organisation de notre société n'est pas au point, parce que des gens sont abandonnés? Sommes-nous moins généreux parce que nous sommes moins riches que nos voisins, parce que nous avons laissé à l'État-providence la mission de s'occuper des démunis ou parce que la philanthropie ne fait pas partie de nos mœurs? Sommes-nous aussi généreux que les autres, mais plus discrets? Ou sommes-nous réellement plus pingres que les autres?
À défaut de répondre directement, les nombreux sondages sur la sexualité confirment que nous sommes les plus ouverts. Relations hors mariage, homosexualité, pornographie, échangisme… l'homo quebecus opte pour le « vivre et laisser vivre ». C'est au Québec qu'ont eu lieu les batailles juridiques pour décriminaliser la danse contact et les clubs échangistes. Pourrait-on s'imaginer vivre dans un monde où les jeunes collégiennes font l'objet d'un culte sexuel, comme c'est le cas dans l'archipel nippon? Pourtant, seulement 25 % des Japonais se disent satisfaits de leur sexualité alors que 75 % des Québécois s'avèrent heureux dans leur vie sexuelle. L'ouverture des Québécois se manifeste notamment dans la publicité où la séduction est un facteur clé : les Québécoises y sont représentées comme des femmes battantes, assumées et… chasseuses! Mais que penser de l'hypersexualisation des jeunes filles et la pornographie sur Internet? Pourquoi abandonner l'éducation sexuelle au Québec? Les Québécois : grands parleurs, petits faiseurs et possiblement piètres éducateurs?
Le désir de consommer est présent chez la majorité des êtres humains. Au Québec, l'attrait pour la consommation, la valeur que l'on accorde à l'apparence et au plaisir nous classe parmi les plus grands consommateurs de la planète. Ce qui nous distingue surtout, c'est, d'une part, notre degré élevé d'inconscience face à nos habitudes de consommation, et d'autre part, d'ignorer qu'il faudra diminuer d'urgence notre consommation. Nous savons que nous consommons beaucoup et on se dit tous, en bon Québécois : « Ouais, c'est vrai, on devrait réduire nos dépenses. » Ceux qui luttent contre la surconsommation explorent différentes avenues, dont la prise de conscience individuelle, l'éducation ou les lois pour rendre les fabricants et les donneurs de crédit responsables.
Sommes-nous cultivés? Pour le savoir, il faut moderniser notre définition de la culture générale. Autrefois, les grands humanistes pouvaient explorer, mais pour le peuple, c'est totalement exclu. Aujourd'hui, les jeunes ont accès à des sources d'information multiples, dont Internet et les autres médias, ce qui leur permet peut-être d'avoir des connaissances beaucoup plus variées bien que moins approfondies. Nous sommes noyés d'informations. Le grand défi est donc de hiérarchiser les connaissances. L'enrichissement de sa culture passe-t-il nécessairement par la maîtrise de la langue et de la littérature? L'école accomplit-elle sa mission de transmettre la culture générale? Comment peut-on se cultiver? La démocratisation de la culture a-t-elle nivelé par le bas la culture générale à la faveur d'une culture populaire? Quel est le niveau de culture générale des Québécois? Nous découvrons avec grande surprise que la culture rend plus heureux! Ceci étant dit, nous avons décidé de nous comparer aux Français pour évaluer notre niveau de culture générale. Parce que nous avons ce qu'on pourrait appeler « le complexe français » depuis des lustres. À tort ou à raison?
Sommes-nous de grands pollueurs? Instinctivement, nous scandons en cœur « non, non, non ». Nous sommes la nation de la « très propre » hydroélectricité et nous appuyons Kyoto. Sillonner les routes du Québec en Hummer risque d'attirer les sarcasmes de nos concitoyens plutôt que leur regard envieux. Pourtant, le Québec est le huitième plus gros pollueur au monde, juste derrière le Koweït et l'Australie. Nous rencontrons une famille qui a échoué en essayant de relever le Défi une tonne dans lequel elle devait réduire d'une tonne ses émissions annuelles de gaz à effet de serre. Il y a des incohérences entre les mots et les actions des Québécois en ce qui concerne la question environnementale. Oui, nous voulons améliorer le sort de la planète. Mais est-ce toujours possible dans une société où l'automobile est au cœur du développement urbain? Nous nous interrogerons sur les causes qui expliquent le comportement parfois ambivalent des Québécois face à l'environnement. Avec un climat semblable au nôtre, les Suédois sont presque deux fois moins énergivores que nous. Ils sont aussi les champions du recyclage. Stockholm a aussi instauré avec succès une politique de péage qui a diminué le trafic en ville. Ce petit pays a annoncé l'an dernier qu'il se déferait de sa dépendance au pétrole d'ici 2020. Le Québec, malgré son bilan mitigé, demeure un terreau fertile pour la pensée verte en Amérique du Nord. Même que certains de nos projets pourraient servir de modèle. Pollueurs, oui, mais il y de l'espoir…
Sommes-nous de bons citoyens? Lorsqu'on considère le taux de vote des Québécois qui diminue, le record de constats d'infractions émis par la Ville de Montréal en 2007, le nombre astronomique de fraudes fiscales, on semble être de petits voyous! Mais qu'en est-il vraiment? Sommes-nous devenus aussi individualistes qu'on le prétend? Sommes-nous indifférents aux enjeux sociaux, mis à part quelques groupes d'activistes, toujours les mêmes? Comparativement aux autres Canadiens, les Québécois comptent plus d'analphabètes fonctionnels, lisent moins de quotidiens et de livres, fréquentent moins souvent les bibliothèques et rédigent moins de lettres. La note des Québécois est de 20 % inférieure à celle des Canadiens en ce qui concerne la participation associative et l'adhésion à des organisations est aussi inférieure. Par contre, étonnamment, le taux de vote des Québécois est supérieur à celui des Canadiens anglais, tant au niveau municipal, provincial que national. Et au chapitre du sentiment d'identité, les Québécois se montrent beaucoup plus attachés aux valeurs de solidarité sociale et d'équité économique que les Canadiens anglais. Nos experts nous diront où se situent les Québécois par rapport aux États-Unis et aux pays d'Europe. Mais chose certaine, les Scandinaves sont les meilleurs citoyens, et parmi eux, les Suédois sont en tête de palmarès.
En 1973, le Québec avait le pire bilan de santé au Canada. Les Québécois affichent aujourd'hui un des meilleurs bilans de santé au Canada. Le Québec figure parmi les 10 nations où l'espérance de vie est la plus élevée, en plus d'être la province canadienne où l'on peut espérer vivre le plus longtemps en santé. C'est désormais au Québec et au Japon où les gens meurent le moins de maladies cardiovasculaires! Jamais, dans toute l'histoire de l'humanité, nous n'avons eu une aussi longue espérance de vie et jamais nous n'avons été aussi préoccupés par la santé. Mais le sommes-nous vraiment? Sommes-nous en santé ou est-ce une santé artificielle qui dépend des médicaments et d'immenses appareils médicaux? Notre quête de la santé parfaite cohabite avec des taux d'obésité sans précédent, une dégradation de la condition physique, en particulier chez les jeunes, et l'explosion de fléaux comme le diabète, le cancer et la surconsommation de médicaments. Le Québec serait aussi sur une pente dangereuse en ce qui concerne la santé mentale : nous nous percevons comme les citoyens canadiens les plus stressés...