De la passerelle de l'établissement, un drone fait son apparition et le personnel saisit son chargement clandestin. Au même moment, une violente bagarre entre deux détenus risque de provoquer un soulèvement dans le secteur E. À l'infirmerie, le personnel tente de sauver un détenu qui s'est ouvert les veines.
À Bordeaux, la lutte à la contrebande est un combat sans relâche. Lors d'une fouille de secteur, les agents découvrent un pot de " baboche ", un alcool frelaté fabriqué clandestinement par les prisonniers. Le père Stéphane Roy, l'aumônier de Bordeaux, fait visiter la chapelle et une des deux potences conservées en mémoire des 82 criminels pendus au fil des années dans la prison.
Quand on soupçonne un détenu d'avoir caché des substances interdites dans son anus, on l'envoie dans une cellule sèche, sans toilette ni lavabo, et on le force à faire ses besoins dans une toilette spéciale qu'on appelle une " pondeuse ". Et quand un détenu contracte une dette à Bordeaux, les comptes se règlent souvent à coups de poing.
Chaque semaine, plus de mille prisonniers entrent et sortent de Bordeaux. Ils passent tous par l'admission, qui est le centre névralgique de la prison. Pour ceux qui y mettent les pieds pour la première fois, l'émotion est à fleur de peau. Nous assistons également à une pratique de l'ÉCIU, une escouade d'agents triés sur le volet et spécialement formés pour intervenir dans les situations d'urgence.
À Bordeaux, comme dans toutes les prisons du monde, les prisonniers doivent respecter des règles non écrites qu'on appelle la " loi du milieu ". Quand un détenu transgresse une de ces règles, il s'expose à des représailles physiques et les autorités doivent intervenir pour le protéger. Ce code de conduite s'applique aussi aux " intermittents "; ces détenus qui purgent leur peine les weekends. Tous les samedis matins, ils sont environ 200 à se présenter à Bordeaux.
C'est jour de fouille dans le secteur B5. Tous les prisonniers sont évacués, le temps que les agents passent le secteur au peigne fin. On ne lésine pas sur les moyens et l'unité canine de la Sûreté du Québec est mise en contribution. Drogue, tabac, cellulaires : le butin découvert par les agents est impressionnant. Mais c'est dans la buanderie du secteur qu'ils vont trouver le gros lot.
Chaque semaine, des centaines de prisonniers doivent être transportés au palais de justice pour comparaître devant un juge ou à l'hôpital pour être soignés. Chacun de ces déplacements doit faire l'objet de mesures de sécurité très serrées pour protéger le grand public et éviter tout risque d'évasion. Et pour donner une idée de l'importance du fléau des cellulaires en prison, une chef d'unité montre la récolte d'appareils saisis durant un mois.
Quand un prisonnier "se désorganise" et menace d'agresser les agents avec une lame de rasoir, on fait appel à l'ÉCIU (Escouade correctionnelle d'intervention d'urgence). Au Centre de formation de Bordeaux, des professeurs s'assurent que la prison n'est pas seulement une école du crime. Et après de multiples séjours à Bordeaux, un détenu qui travaille à la buanderie promet qu'il a enfin appris sa leçon.