11 novembre 1918. 11h du matin. Soudain, c’est le silence. Le soldat canadien George Price, vient de tomber, l’un des derniers tués d’un immense carnage qui a fait près de 10 millions de morts chez les militaires, 9 millions chez les civils et 21 millions de blessés.Comment en est-on arrivé là ? Quelle est l’origine de cette furie qui va s’emparer du monde pendant quatre ans ? Qui va ruiner les pays et provoquer la chute de plusieurs empires ? En ce début de XXème siècle, en Europe, c’est encore la Belle Époque. Mais le 28 juin 1914 à Sarajevo, l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empire austro-hongrois, est assassiné. Cet événement, met le feu aux poudres des vieilles rancoeurs nationales et patriotiques des monarchies européennes. Les grands industriels préfèrent sans doute le conflit armé à celui larvé qui monte d’une classe ouvrière. Quelques semaines après l’attentat de Sarajevo, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie et active ainsi le jeu des alliances entre États. Le départ des troupes au combat est le miroir d’une inconscience collective qui pense que la guerre va être courte et glorieuse. En août 1914, les Allemands ne sont pas loin de Paris. Leur victoire semble proche, et l’enthousiasme devient peur.
27 août 1933. Prusse orientale. Hitler et Goering, anciens combattants de 14/18, rendent hommage au Maréchal von Hindenburg, dans le cadre démesuré du monument à la bataille de Tannenberg. Hitler dit : « Tannenberg est un symbole. C’est là, en 1914, que s’est joué le destin de l’Allemagne. » Pour Hindenburg, cette bataille a été, vingt ans plus tôt, le moment le plus important de son existence et de la 1ère Guerre mondiale. Alors que les Russes avancent en territoire prussien, provoquant l’exode massif de populations allemandes qui fuient la zone des combats. Hindenburg les arrête à Tannenberg. A l’Ouest, la percée allemande est stoppée, in extremis, par les Français à la bataille de la Marne. Après que chaque armée ait essayé, en vain, de déborder l’adversaire, le front occidental se fixe et s’enterre de la mer du Nord à la Suisse. Plus au Sud, Italiens, Turcs (alors Ottomans) entrent aussi dans le conflit. Les alliés britanniques et français font alors appel à leur empire : Canadiens, Australiens, Néo-Zélandais, Sénégalais, Marocains, Algériens, Annamites s’engagent dans la guerre. L’embrasement est maintenant mondial. L’hémorragie semble inéluctable. Les champs de bataille sont un véritable enfer.
Septembre 1915. Des millions d’hommes sont pris dans le piège d’une guerre immense. Des tranchées de France aux montagnes italiennes ou des Balkans, jusqu’aux portes de l’Orient, l’Europe entière s’est enflammée. Nouvelles armes, nouvelles défenses, la guerre est désormais industrielle et chimique. Les combats atteignent une violence jusque-là inconnue. L’artillerie pilonne. Les attaques se font au gaz, aux lanceflammes, aux Schrapnels, mélange de poudre et de billes de plomb qui fracassent les visages et les corps. Les assauts sont terrifiants, suicidaires. Des orages d’acier brisent les tympans et rendent fous les soldats. Les blessures sont affreuses, les conditions de vie et d’hygiène dans les zones de combat sont catastrophiques, les épidémies font des ravages… C’est l’enfer. En France, les Allemands lancent en février 1916 une grande offensive sur Verdun. Les Français tiendront coûte que coûte. Dans la Somme, la bataille la plus sanglante de la guerre commence le 1er juillet 1916. En quelques heures l’armée britannique perd 30.000 hommes. 5 millions d’hommes sont déjà morts en 16 mois. Mais, pour les grands chefs, le coût humain et matériel est tellement élevé qu’il faut que l’ennemi paie et que la guerre continue. Comment arrêter cette folie ? Comment mettre fin à cette rage ?
Les soldats sont au bord du gouffre. Ils veulent que ça s’arrête. Ils veulent rentrer dans leurs foyers. Chez eux, à l’arrière, la colère gronde, la faim tiraille les populations. La guerre a répandu son malheur dans tous les foyers, elle est présente dans chaque instant de la vie quotidienne. Il faut trouver une solution. Il faut que la guerre se termine. Alors les révoltes commencent : en Allemagne, l’agitation sociale fait craindre pour l’avenir du Reich. L’Empire austro-hongrois vacille : François-Joseph est mort, et son jeune successeur Charles Ier entame des tentatives de paix. Sur le front, la bataille du Chemin des Dames va déclencher des mutineries chez les poilus. Les soldats russes, fatigués d’être tiraillés par la faim et la peur, sr joignent à la Révolution. Le Tsar abdique et se prépare à l’exil. Mais l’Etat-major allemand commet une faute stratégique qui va changer le cours du conflit : dans une guerre sous-marine « à outrance », il a décidé d’attaquer tous les navires présents en Atlantique, y compris les bateaux américains. Les USA entrent dans la guerre aux côtés des Alliés, et en juin 1917, le géhéral Pershing débarque en France avec les premiers effectifs. Un mois après leur arrivée, alors que les renforts américains sont encore à l’entraînement, débute en Belgique la bataille de Passchendaele : sous une pluie torrentielle, des milliers de soldats de l’Empire britannique se noient dans une mer de boue. Un nouvel échec, une nouvelle hécatombe vide de sens. Pourquoi cet entêtement des dirigeants européens ? Ne veulent-ils pas, comme leurs peuples, la délivrance ?
En octobre 1917, à Caporetto, les Italiens s’engagent dans une bataille sanglante qui les oppose aux Austro-Hongrois et aux Allemands. C’est une défaite cuisante pour les Italiens. Au même moment, en Russie, Lénine, à la tête des bolcheviks, déclenche la Révolution d’octobre. Les nouveaux maîtres communistes de la Russie signent une paix séparée avec les Forces centrales à Brest-Litovsk en mars 1918. Les Allemands vont alors pouvoir concentrer leurs troupes sur le front occidental. Ils réunissent leurs hommes et se mettent en marche vers la France. Les Parisiens apeurés fuient la capitale. Mais les renforts américains sont sur le pied de guerre, les « Sammies », en juillet 1918, sont désormais 1.300.000 sur le sol européen. Les grandes offensives allemandes, qui prévoyaient la victoire finale, essuient alors un échec cuisant. Les forces Alliées, épaulées par l’Oncle Sam, vont de succès en succès : Saint-Mihiel, Bois Belleau, Vittorio Veneto ou la Marne. L’Alsace, la Lorraine, et tous les territoires pris à la France au début de la guerre sont libérés. Cette suite de victoires va précipiter la chute de l’Allemagne. Pendant ce temps, les armées britanniques enchaînent les victoires en Orient : la Palestine, la Syrie, l’Anatolie, l’Iran, l’Irak sont autant de territoires pris aux Ottomans, qui finissent par capituler. Le 11 novembre 1918, sur les champs de bataille de France, le clairon sonne l’armistice : le combat cesse, les soldats vont enfin rentrer dans leurs foyers… Mais certaines de ses cicatrices, très vite, vont s’ouvrir à nouveau : le règlement de la paix sera humiliant pour l’Allemagne. La « Conférence de la Paix », qui s’achève le 28 juin 1919, à Versailles, porte en elle les germes de la Seconde Guerre mondiale… Et l’Europe en deuil, décimée, va devoir panser ses plaies et se reconstruire un avenir.
Fin 1915. Britanniques et Français planifient pour l'été une offensive décisive dans la Somme. Les Allemands prennent les devants. Le 21 février 1916, un orage d'acier de 20 kilomètres s'abat sur Verdun.
Croire que la guerre s'achève à Verdun est illusoire. Les Allemands avancent au ralenti, mais les affrontements sont terribles. La ville devient un symbole d'héroïsme et de résistance.
Février 1916. La Première Guerre mondiale dure depuis deux ans. Elle a déjà fait plus de 3 millions de morts. Et pourtant aucun des belligérants ne parvient à prendre l'ascendant sur l'autre. A Verdun, les Allemands, en concentrant plus d’artillerie et plus d’hommes, que dans toutes leurs autres offensives, veulent forcer le destin et gagner la guerre. Mais les Français vont tenir. Pendant 300 jours et 300 nuits, sous un orage d’acier continu de 60 millions d’obus, Allemands et Français vont s’y affronter, avec la rage d’en finir. Comment ont-ils pu survivre à cette apocalypse ? A partir d’un fonds de plus de 500 heures d’archives restaurées et superbement mises en couleur, Apocalypse Verdun, d’Isabelle Clarke et Daniel Costelle, nous offre une plongée terrible de 90’ au cœur d’une des plus grandes batailles de tous les temps.