Georges Brassens, avec ses paroles poétiques ou engagées, sa guitare, sa pipe entre les dents et son éternel sourire, a définitivement marqué la chanson française. Mais, l'homme était discret et vivait le plus souvent reclus. Découvrir les lieux où il habita, de sa maison de naissance à Sète à celle où il passa les dernières années de sa vie, à Paris, rue Santos Dumont, c'est approcher sa vie intime, connaître les coulisses de son art. Ses maisons ont été des lieux d'une immense générosité, ouverts aux amis de toujours, à ces fameux «copains d'abord». Elles furent également des refuges où, coupé du monde, Brassens a composé ses plus belles chansons, dédiées, pour certaines, aux femmes de sa vie.
Génie de la mode et inventeur du New Look, la célèbre silhouette qui a révolutionné les codes de la féminité dans les années 50, Christian Dior est une référence incontournable en matière de luxe et d'élégance. Ses créations ont fait le tour du monde et son nom est connu de tous. Loin de la mythique vitrine parisienne du 30 rue Montaigne, c'est à Granville, en Normandie, que le couturier a grandi, dans une maison bourgeoise appelée la villa Rhumbs, perchée sur une falaise et nichée dans un grand parc arboré. Ici, le petit garçon a vécu une enfance heureuse et insouciante. Un âge tendre, avant les tourments de la guerre, de la ruine et de la maladie.
En 1953, Edith Piaf s'installe dans le XVIe arrondissement de Paris au sein d'un appartement au 67 boulevard Lannes. A l'intérieur de l'habitation louée par l'artiste trône un piano à queue. Lorsqu'elle n'est pas en tournée, la chanteuse aime passer du temps dans ce logement lumineux, vaste et dépouillé. Elle s'y dévoile. Edith Piaf se montre tantôt enjouée à l'intérieur de la cour entourée de ses amis proches et d'auteurs-compositeurs. L'interprète alterne aussi ses moments de joie et de bonheur avec des épisodes sombres dans lesquels elle est épuisée et minée par sa consommation de drogues et de médicaments. L'artiste y vit également ses derniers jours heureux aux côtés de son mari Theo Sarapo avant sa disparition le 11 octobre 1963.
C'est en 1960 que César décide de s'installer à Montparnasse. Celui qui deviendra un des sculpteurs les plus renommés au monde, trouve un espace idéal lui permettant d'expérimenter ses envies les plus folles. Rue Roger, dans le XIVe arrondissement de Paris, il prend ses quartiers et élabore ses premières compressions. Très vite, il effectue d'incessants aller-retour vers la Normandie. Car c'est dans la fonderie de son ami Régis Bocquel qu'il finalise les sculptures qui feront sa célébrité. Que reste-t-il de cet atelier et de son immense verrière qui plafonnait à 6 mètres de hauteur ? L'empreinte du génial sculpteur y est-elle toujours perceptible ?
L'un des plus célèbres peintres belges du XXe siècle est né dans le Hainaut, et sa maison natale de Châtelet peut toujours être visitée. A quoi ressemble la demeure de cet immense artiste du surréalisme ? Située en pays minier, elle a vu grandir ce fils de tailleur. C'est là que sa mère est morte, alors qu'il n'avait que 14 ans. C'est à Châtelet qu'il suit son premier cours de peinture. Mais, une fois adulte, c'est à Jette, dans une belle demeure de la rue Esseghem, que Magritte a coulé des jours heureux. Au total, il y vécut un quart de siècle. La moitié de ses oeuvres connues y furent réalisées. C'est là qu'il meurt le 15 août 1967, d'un cancer. Il a alors 68 ans.
Très appréciée du grand public pour ses plantureuses «nanas», l'artiste française Niki de Saint Phalle a élu domicile dans le sud de la Toscane, à Capalbio. C'est dans les années 70 qu'elle a trouvé la demeure qui correspondait à ses rêves. Le parc attenant à la maison forme un grand espace vert peuplé de statues singulières. Tantôt grotesques, tantôt terrifiantes, ces oeuvres sont les habitantes de ce que Niki de Saint Phalle a nommé «le jardin des Tarots». Peu à peu, cette artiste décédée en 2002 est parvenue à modeler un lieu de vie autobiographique. De son vivant, elle racontait avoir passé les plus belles années de sa vie dans cette paisible propriété italienne.
Retour sur le parcours de Charles-Edouard Jeanneret-Gris, alias Le Corbusier. Cet architecte né en Suisse a obtenu la nationalité française en 1930. L'homme s'installe, ensuite, au 24 rue Nungesser-et-Coli, entre Paris et Boulogne-Billancourt. Il vit dans cet espace et y travaille pendant près de trente ans. Il y conçoit une grande partie de son oeuvre. Au fil de sa carrière, il multiplie les recherches pour développer un style novateur dans lequel se lient l'art et la pureté des formes et du style. Plusieurs spécialistes reviennent pièce après pièce sur l'originalité de Le Corbusier, qui fut ainsi l'un des grands bâtisseurs du XXe siècle comme avec la Cité radieuse de Marseille.
Portrait du compositeur français Maurice Ravel. Alors que son «Boléro» est connu à travers le monde, le musicien reste un personnage secret. L'homme a vécu de façon solitaire dans sa maison de Monfort-l'Amaury, située en bordure de la forêt de Rambouillet. Maurice Ravel, discret et esthète, aimait recevoir son cercle à l'occasion au sein de sa demeure. Parmi ses amis proches se trouvent notamment l'écrivain Léon-Paul Fargue, les compositeurs Maurice Delage et Jacques Ibert, les interprètes Madeleine Grey et Marguerite Long ou encore le sculpteur Léon Leyritz. Maurice Ravel a également entrepris des travaux pour transformer la maison à son image.
En 1930, Salvador Dali, jeune peintre espagnol, souhaite s'installer dans une maison en Espagne avec sa compagne, Gala. Mais celle-ci est une femme mariée. La situation provoque une rupture avec sa famille installée à Cadaques. Il décide alors d'acheter une petite maison de pêcheurs à deux kilomètres de la demeure familiale, au bord de la mer, dans la crique de Port Lligat. Au fil des années, le couple agrandit progressivement la maison en acquérant des bâtiments voisins dont ils conservent le caractère simple d'habitat de pêcheurs. Ce refuge du couple témoigne du génie et de la folie de Dali, un des plus grands artistes de l'art moderne.
Surplombant la Dordogne depuis sa rive gauche, le château des Milandes est classé monument historique. Il domine la magnifique petite commune de Castelnaud-la-Chapelle depuis 1489. Parmi les nombreux occupants qui y ont établi leurs quartiers au fil des siècles, on compte la chanteuse Joséphine Baker. Elle est tombée sous le charme de cette impressionnante bâtisse abandonnée à la Révolution, incendiée au XIXe siècle, restaurée au début du XXe siècle. Le château est doté de balcons, de tours et d'un jardin fort romantique. L'artiste américaine décide de l'acquérir en 1947. Voulant y vivre avec ses douze enfants, elle fait installer l'eau courante et l'électricité. Que reste-t-il de son passage au château des Milandes ?
1953. Charlie Chaplin s'installe en Suisse, à Vevey, après avoir été interdit de séjour aux Etats-Unis pour idées subversives. Le réalisateur et sa famille s'installent dans un immense manoir, prolongé d'un parc de quinze hectares et d'une vue imprenable sur les montagnes et le lac Léman. La fratrie s'épanouit dans un climat de sérénité : les huit enfants et quinze petits-enfants assistent au passage de grands hommes, artistes et hommes politiques. Et désormais, le quotidien de Charlie Chaplin est rythmé par la musique, la poésie, l'écriture. Le fils et le petit-fils de Charlie Chaplin retournent une dernière fois dans ce lieu de mémoire, destiné à devenir un musée. Chaque pièce y raconte l'oeuvre et la vie d'un homme au destin hors du commun.
Dès l'année 1918, Coco Chanel ouvre une boutique dans un immeuble du XVIIIe siècle, à deux pas de la Place Vendôme, dans le Ier arrondissement de Paris. Au deuxième étage, entre la boutique et les ateliers du troisième étage, elle s'aménage un appartement, s'entourant d'objets précieux : paravents, livres rares et statuettes. Dans ce lieu privé, Coco Chanel aime à se ressourcer, à recevoir des artistes, peintres, écrivains ou poètes. Dans la tranquillité de son intimité, elle se réfugie également dans la lecture. Cet appartement révèle l'histoire, les souvenirs et les passions de la grande créatrice, symbole de l'élégance à la française qui, tous les soirs, quittait ses ateliers et appartement pour aller dormir dans sa suite du Ritz, juste en face.
San Donatino, à Castellina, à quarante kilomètres de Florence, en pleine région du chianti. C'est ici que Léo Ferré, le chanteur, le poète, le musicien, l'anarchiste, le rebelle, l'artiste touche-à-tout, s'installa au début des années 70. Envoûté par la beauté des collines toscanes et le charme de ses villages de pierre, Léo Ferré eut un coup de coeur pour une vaste propriété, sise en pleine nature. Durant vingt ans, jusqu'à la mort de Léo Ferré en 1993, cette bâtisse, entourée de quinze hectares de vignes et d'oliviers, abrita ses amours, son atelier, ses créations et sa production de vin - dont son fils, Mathieu Ferré, a repris le flambeau.
Le chorégraphe Maurice Béjart a partagé sa vie entre deux pays : la Belgique et la Suisse. A Bruxelles, durant trois décennies, son lieu de vie était une haute maison dont le rez-de-chaussée est devenu un studio de danse et le grenier, un vaste espace en mezzanine, son appartement. A Lausanne, son principal lieu de vie fut, jusqu'à sa mort, la salle de répétition. Il y passait ses journées en compagnie de ses danseurs. Ses chorégraphies étaient comme ses appartements, agencés géométriquement, débarrassés du superflu. Ces lieux ont influencé son parcours, nourri sa créativité. En retour, ils ont gardé la trace de son passage.
Les sculptures monumentales de l'Américain Alexander Calder s'affichent dans les grandes villes du monde entier. L'inventeur du mobile, dont le nom est aujourd'hui bien connu, a conçu la plupart de ses grandes oeuvres en Touraine, dans le petit village de Saché. L'artiste y a élu domicile dans les années 50, dans une maison troglodyte acquise grâce à la vente de quelques mobiles. Quelques années plus tard, fuyant l'humidité du lieu, le créateur fait construire un immense atelier dominant la vallée ainsi qu'une nouvelle maison, au lieu dit du Haut-Carroi, devenu après sa mort une résidence vivante pour les artistes du monde entier, baptisée L'atelier Calder.
En 1893, Auguste Rodin s'installe à la Villa des Brillants à Meudon, sur les hauteurs de Paris, avec sa compagne de toujours Rose Beuret. C'est dans cette maison de style Louis XIII qu'il passe la fin de sa vie. L'artiste y installe son atelier-musée, en contrebas de la demeure principale, et se rend quotidiennement à Paris, dans ses ateliers. En 1900, une cinquantaine de personnes travaillent à Meudon, au côté du sculpteur, faisant de son atelier de banlieue un lieu vivant et actif. La maison, non loin, est également souvent visitée par les amis du couple, les modèles du créateur et des personnalités de toutes sortes, sans compter les commanditaires des oeuvres de Rodin. Ses oeuvres les plus importantes, «La Porte de l'Enfer», «Les Bourgeois de Calais» et le «Monument à Balzac», ont vu le jour à Meudon.
L'exploratrice, écrivaine et orientaliste Alexandra David-Néel est devenue célèbre en 1924, en étant la première occidentale à pénétrer dans Lhassa, la ville interdite du Tibet. Infatigable, elle a parcouru l'Asie pendant plus de 20 ans, avant de s'éteindre à Digne-les-Bains, en 1969, à près de 101 ans, alors qu'elle venait tout juste de faire renouveler son passeport. Sa maison, baptisée Samten Dzong, «forteresse de la méditation», évoque l'histoire étonnante de cette exploratrice passionnée. Le petit temple, son bureau et sa minuscule chambre qu'elle appelait «son trou», témoignent de la simplicité dans laquelle celle-ci vivait à Digne, son port d'attache entre deux voyages.
Vedette la mieux payée au monde d'après les journaux britanniques des années 30, Maurice Chevalier est la plus grande star française que le pays ait jamais portée. Cette légende du music-hall, à la fois acteur et chanteur, a eu deux passions dans la vie : son travail et sa mère, qu'il surnommait la Louque. C'est en hommage à cette femme qu'il baptisa la maison qu'il acquit en 1952 à Marnes-la-Coquette, en région parisienne, où il vécut pendant les vingt dernières années de sa vie. Après le décès de l'artiste, La Louque fut gardée intacte pendant quarante ans par sa dernière compagne.
A l'âge de cinquante ans, Sarah Bernhardt est au sommet de sa gloire. Alors que la comédienne, surnommée «la Divine» ou «la voix d'or», jongle entre ses activités de directrice de théâtre, de peintre et sculptrice, elle découvre un fort délabré sur la côte la plus sauvage de Belle-Ile en Bretagne. La star excentrique et célèbre à travers le monde choisit d'en faire son refuge estival. Pendant près de trente ans, l'actrice reste fidèle à ces lieux installés à la Pointe des Poulains. L'endroit lui tient particulièrement à coeur. Sarah Bernhardt n'abandonnera le site qu'à la fin de l'été 1922, juste quelques mois avant de disparaître.
En 1949, le Belge Georges Rémi, plus connu sous le pseudonyme d'Hergé, achète une vieille ferme de type espagnol. Elle se situe à une demi-heure du centre de Bruxelles, à Céroux-Mousty, dans la région du Brabant wallon. Le dessinateur et scénariste des «Aventures de Tintin» la rénove et la baptise «La Ferrière». Durant son séjour, il n'a de cesse de l'agrandir, de la réaménager et de l'embellir. C'est dans ce refuge champêtre, avec son jardin de près de 5 hectares, qu'il vit avec Germaine Kieckens, sa première épouse, loin du tumulte bruxellois. En 1988, la rue de la Ferrière devient la rue Hergé.
En 1980, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé font l'acquisition des Jardins Majorelle à Marrakech, ainsi que de la villa Oasis, attenante. Ce jardin d'Eden est une source inépuisable de beauté pour le créateur de mode, qui va s'inspirer des couleurs orientales pour dessiner ses nouvelles collections. Son ancienne mannequin et muse, Betty Catroux, se souvient, racontant l'intimité d'Yve Saint Laurent et de Pierre Bergé loin du tumulte parisien. La voix de Catherine Deneuve, lisant des citations de son ami, dévoile son univers : sa puissance créatrice mais aussi son côté obscur.
La jeune Yolanda Cristina Gigliotti, qui prit plus tard le pseudonyme de Dalida, a quitté son Egypte natale à l'âge de 21 ans, des rêves de gloire plein la tête. Elle portait aussi l'envie de trouver un toit pour toute sa famille, un lieu de repos où elle pourrait prendre soin des siens, de sa tribu : sa famille et ses amis proches. C'est en 1973 qu'elle fit construire la villa de ses rêves, en Corse, sur les hauteurs d'une colline dominant la baie de Porto Vecchio. Elle fut architecte, conceptrice, décoratrice de ce lieu qui l'accueillit tous les étés de sa vie.
«Vendôme, c'était sa fierté, Saint-Cyr-sur-Mer, c'était son paradis». Catherine, l'épouse d'Henri Salvador, résume ainsi le rapport qu'entretenait l'artiste avec ces deux refuges. Il fut un des derniers habitants de la place Vendôme, une adresse mythique qui prouvait au monde le chemin qu'il avait parcouru depuis sa naissance en Guyane. Mais c'est à Saint-Cyr-sur-Mer, à une demi-heure de Marseille, qu'il se fit construire bien plus tard cette maison qu'il appelait son paradis. Composant des mélodies dans sa «chambre avec vue», dans son studio ou sur sa terrasse face à la mer, il redevint une star à 83 ans en faisant l'album de jazz dont il avait rêvé toute sa vie.
Edmond Rostand a écrit «Cyrano de Bergerac» à l'âge de 29 ans. La première de la pièce fut un triomphe qui marqua à jamais le jeune auteur : deux heures d'applaudissements, 40 rappels, et un quartier bloqué en raison de l'affluence autour du théâtre. Cette nuit magique enchante Rostand et l'inquiète. Pourra-t-il jamais connaître à nouveau un tel succès ? Devenu immensément riche et célèbre en quelques mois, il se fait bâtir au pays Basque, loin de Paris et des foules qui se pressent sur son passage, une demeure aux proportions inouïes. Arnaga est une maison basque aux dimensions d'un château, qui fait face à un immense jardin à la française.
Le chanteur et poète, Charles Trenet est né en 1913, à la veille de la Première Guerre mondiale, à Narbonne, dans une grande maison de ville aux volets verts qui appartient à ses grands-parents maternels. Du salon de musique de ses parents aux plus grandes scènes musicales où il s'est produit aux quatre coins du monde, Charles Trenet a toujours gardé un lien profond avec cette maison et ses environs. Cette demeure a été une source d'inspiration intarissable pour le chanteur.
La philosophie d'Auguste Renoir, qui plaçait la gaieté au coeur de ses toiles, lui a valu le surnom de «peintre du bonheur». En 1907, après de nombreuses années passées à parcourir le monde à la recherche d'un paysage ou d'une lumière, le maître de l'impressionnisme achète une fermette au coeur d'un parc boisé, sur une colline qui surmonte la Baie des Anges, à Cagnes-sur-Mer. Son inaltérable joie de vivre et son amour pour la création atteignent leur apogée à l'automne de sa vie, alors qu'il réside dans ce domaine, dit des Collettes. Dans l'enceinte de cette propriété provençale, l'homme a connu une période de paradoxes, habitée par les ombres et les tourments autant que par les couleurs et la lumière.
Chassée par la guerre civile espagnole, exilée en France, la comédienne Maria Casarès incarne à elle seule plus d'un demi-siècle de théâtre et de cinéma français. Discrète, Maria Casarès vivait le plus souvent loin des mondanités parisiennes, souvent retranchée dans sa maison de la Vergne, en Charente, où elle vécut par intermittence de 1961 jusqu'à sa mort, en 1996. Pénétrer dans cette belle demeure, c'est approcher la vie intime d'une grande artiste, découvrir un lieu qui fut toujours ouvert à ses amis proches, un refuge où, coupée du monde, elle a répété ses plus grands rôles. A sa mort, Maria Casarès a fait don de sa maison à la commune, afin de remercier la France de l'avoir accueillie. Le lieu s'appelle désormais «La Maison du comédien / Maria Casarès».
Cézanne est né en Provence. Il s'y est éveillé à la peinture, Il y est mort, un pinceau à la main. Deux maisons symbolisent ce parcours. La première, la bâtisse du Jas de Bouffan, grande bastide du XVIIIe siècle entourée d'un parc immense, est la maison de jeunesse de Cézanne, la maison de famille, de l'amour maternel et des contraintes paternelles. Poussé par le soutien de son ami Zola, Cézanne décide de se tourner, non pas vers la poésie comme il le désirait, mais vers la peinture. A la fin de sa vie, Cézanne fait construire sa maison atelier sur une colline, près d'un point de vue exceptionnel sur la montagne Sainte-Victoire. Visite de ces deux demeures, et gros plan sur la destinée d'un peintre majeur, intimement lié à sa Provence bien-aimée.
Durant l'été 1964, Claude François fait l'acquisition d'un ancien moulin à Dannemois, un petit village à cinquante kilomètres au sud de Paris. A cette époque, le public vient de le découvrir avec son titre «Belles, belles, belles», mais malgré sa courte carrière, il est déjà une vedette très en vue. Il est suivi en permanence par une nuée de groupies qui le vénèrent et qui feront partie intégrante de sa vie jusqu'à son dernier jour et même bien après. Des fans qui n'hésitent pas à camper devant le portail de la propriété ou à escalader les palissades pour le filmer dans l'intimité à son insu. Durant quatorze ans, dans ce lieu, l'artiste va chercher à recréer un cocon familial et tenter vainement d'oublier la célébrité.
Dans les années 60, Jacques Brel et sa maîtresse, Sylvie Rivet, s'installent clandestinement dans une maison de pêcheur à Roquebrune, sous le soleil brûlant de la Méditerranée. Tour à tour chanteur, écrivain, réalisateur, mais aussi navigateur ou pilote d'avion, Brel a le goût du voyage et du mouvement. Dans le village de Roquebrune, pourtant, il apprécie la quiétude et la simplicité de la communauté. C'est ici qu'il écrit parmi ses plus belles chansons : «Amsterdam», «Le plat pays», «Mathilde», «Jef» ou encore «Les bonbons»...
Claude Nougaro, le Toulousain, a vécu une grande partie de sa vie à Paris. Il a notamment passé ses cinq dernières années, avec Hélène, sa dernière épouse, dans un appartement de la rue Saint-Julien-Le-Pauvre, situé près de Notre-Dame. Ce lieu est propice à la création : dans un studio d'enregistrement au sous-sol, il enregistre son tout dernier album «La Note bleue», s'entourant de grands musiciens et compositeurs de jazz comme Aldo Romano, qui témoigne de leur belle amitié. Cécile, sa fille, évoque le père qu'il fut, merveilleux malgré son absence. Quant à Hélène, elle fait découvrir un aspect peu connu du grand public : son talent de dessinateur façon Cocteau.
La timide Jeanne Lanvin, qui rêvait d'échapper à sa condition sociale, pourrait être l'héroïne d'un roman de Zola. Cette féministe avant l'heure est devenue la créatrice de la plus ancienne maison de couture française toujours en activité. Dans les années vingt, la couturière achète un hôtel particulier dans le très chic VIIe arrondissement. Une demeure à l'image de sa vie, de son métier et de ses passions.
Disparu en septembre 2007, Luciano Pavarotti fut un ténor star, un chanteur populaire qui ne s'arrêta pas au répertoire classique mais se produisit, entre autres, avec Eric Clapton, U2, Sting ou Céline Dion. Au fil de sa vie et de sa carrière, Luciano Pavarotti a parcouru la planète, donnant des représentations dans de nombreux opéras. Très attaché à sa région natale, il a vécu dans plusieurs maisons autour de sa ville natale, Modène. Remarié en 2003, père d'une petite fille, il a recréé pour sa nouvelle famille un lieu où, de retour de ses concerts à travers le monde, il pouvait se poser, entouré des siens.
Charles de Gaulle a déjà publié trois livres quand, en 1934, il achète avec sa femme Yvonne la demeure de la Boisserie, à Colombey-les-deux-Eglises. Le couple vient d'abord ici pour pouvoir élever paisiblement sa fille handicapée, Anne. Pendant la guerre, la Boisserie est pillée et brûlée par la Wehrmacht. A la Libération, Charles et Yvonne font reconstruire la maison. C'est ici que Charles de Gaulle écrit seul ses «Mémoires de guerre». Des images d'archives et des témoignages, comme ceux d'Olivier Germain-Thomas, Yves de Gaulle et Jean-Luc Barré, dressent le portrait intime, émouvant, d'un homme politique majeur, un géant de l'histoire, obsédé par la France et passionné par les écrivains.
Régine Deforges, papesse de l'érotisme, éditrice sulfureuse, décide de s'installer à Boutigny-sur-Opton, à 60 km de Paris, pour écrire ses mémoires. Eduquée dans la religion, Régine est attirée très jeune par la sexualité. Impliquée malgré elle dans un scandale à l'âge de 15 ans dans sa ville natale, Montmorillon dans le Poitou, elle part pour la capitale. Dix-huit ans après l'épisode du «cahier volé», elle reprend la plume et signe plusieurs romans dont «La Bicyclette bleue», succès phénoménal. Elle est enfin reconnue du grand public. A travers les témoignages de ses trois enfants et de son dernier mari, Pierre Wiazemsky, rencontre avec une femme éprise de liberté.
En mai 1856, contraint à l'exil, Victor Hugo achète une maison sur l'île de Guernesey. Il écrit à l'un de ses amis : «N'ayant plus de patrie, je veux avoir un toit». L'écrivain, pour la première fois de sa vie, devient alors propriétaire. Il transforme cette maison, la décore entièrement, recréant son univers de poète artiste. Les lieux deviennent une de ses plus belles oeuvres. Au dernier étage, dans son «look out», il écrit ses plus grands romans.
Toulouse-Lautrec a vécu ses jeunes années dans le château du Bosc, niché au coeur de l'Aveyron. Un paradis perdu dans lequel le peintre de bohème a connu l'insousciance, avant de devoir refuser l'avenir qui lui était promis, celui de jeune sportif et de comte. C'est également sous le toit de cette demeure médiévale que Lautrec, alors jeune garçon, a laissé s'épanouir son talent pour la peinture et son goût pour les arts.
George Sand, née Aurore Dupin, passe une partie de son enfance et de son adolescence à Nohant, dans le Berry, dans la maison que sa grand-mère paternelle (et tutrice) a acquise en 1793. En 1821, au décès de son aïeule, George Sand hérite du domaine, mais elle ne s'y installera que bien plus tard, continuant à se partager entre Paris, Nohant et d'autres lieux de vie. Au gré des années, elle y reçoit ses amis ou amants artistes, Chopin, Liszt, Balzac, Delacroix ou Flaubert. C'est également à Nohant qu'elle écrit plusieurs de ses oeuvres majeures, «La Mare au diable» ou «La Petite Fadette», s'adonne au jardinage et à la botanique. Aujourd'hui encore, l'intérieur de la maison a conservé les traces du passage de «la bonne dame de Nohant», qui s'y est éteinte le 8 juin 1871.
En 1883, Claude Monet s'installe avec sa grande famille recomposée à Giverny. Il a 42 ans, n'est connu que des seuls initiés, et brade ses toiles pour subsister. Dans la maison et les jardins de Giverny, va s'accomplir la fusion de sa vie intime et de sa peinture, jusqu'aux «Nymphéas», motif auquel il consacrera les vingt dernières années de son oeuvre. Parcourir cette maison, c'est revivre l'intimité du peintre, partager ses amitiés avec Renoir, Degas, Pissaro ou Cézanne, découvrir sa passion pour les estampes japonaises et plonger dans sa vie d'artiste. Quant aux jardins, ils sont des univers très pensés, offrant une folle variété chromatique. Avec la participation et les témoignages de Sylvie Patin, Pascal Bonafoux et Gilbert Vahé.
Le cadavre d'une jeune fille a été découvert dans un hangar à bateau. Le meurtre a été commis dans une propriété pourtant paisible du sud de l'Angleterre : bienvenue chez Agatha Christie, la reine du crime. Dans son roman «Poirot joue le jeu», c'est bien Greenway House qui tient lieu de scène de crime. Acquise en 1938, cette vaste maison de style georgien a été sa résidence d'été jusqu'à son décès en 1976. Malgré sa vie à Londres et ses innombrables voyages dans les contrées les plus lointaines, le Comté de Devon restera toute sa vie durant son centre de gravité.
C'est dans le village d'Auvers-sur-Oise que Vincent Van Gogh est mort en 1890. Il n'y a vécu que quelques mois mais y a peint plus de 70 toiles, déterminantes dans son oeuvre. Cette période a été la plus féconde de sa vie d'artiste. Sa chambre, jamais relouée, est restée intacte, au premier étage de l'auberge Ravoux. Discrètement, par petites touches, comme une illusion, l'ombre de Van Gogh plane dans la pièce. Des torchons de lin filetés de rouge recouvrent à peine les vieilles tables de chêne, les verres et les carafes éveillent un sentiment de déjà-vu.
Le comédien français Jean-Claude Brialy aimait raconter des histoires, celle de son époque, de ses amis et du siècle qu'il a traversé. Le château de Monthyon, en Seine-et-Marne, qu'il a acheté en 1959 à l'âge de 39 ans, est le gardien de sa mémoire. Depuis la disparition de l'acteur, en 2007, rien n'a bougé, tout est à la même place. Jean-Claude Brialy a fait de ce château un lieu privilégié où ses proches étaient invités à venir se reposer, une journée, une nuit, un mois ou une année.
Le jour vient tout juste de se lever sur la Loire. Un homme arrive à dos de mulet, après des jours de voyages depuis l'Italie, accompagné de son fidèle compagnon, de quelques affaires et de ses animaux de compagnie. Il s'agit de Léonard de Vinci, peintre, homme de science, sculpteur, architecte et savant dans de nombreux domaines. Cet esprit de la Renaissance, ce génie italien entre pour la première fois dans le château du Clos-Lucé. Il y vivra les trois dernières années de sa vie. C'est François Ier lui-même qui a mis l'édifice à la disposition du peintre en 1516.
Haworth, petit village anglais du West Yorkshire, abrite le presbytère des soeurs Brontë, la demeure familiale où leur père exerça ses fonctions de révérend. C'est là que Charlotte, Emily et Anne vécurent leurs «courtes vies» et écrivirent leurs romans, de «Jane Eyre» aux «Hauts de Hurlevent». Entourée de tombes, comme le sont les églises et les presbytères britanniques, la maison a une teinte olivâtre, nimbant les lieux d'une atmosphère blafarde et mystérieuse, renforcée par le gris menaçant du ciel, typique de cette région du Nord de l'Angleterre. Aujourd'hui transformé en musée, le presbytère laisse affleurer fantômes, folie et passions.
En pleine campagne, non loin de Paris, dans le parc naturel du Vexin, se niche une petite maison de caractère, sorte de datcha, l'Hermitage, la demeure que se sont choisie Nina Companeez et sa fille Valentine dans les années 1990. La réalisatrice française d'origine Russe y a vécu deux décennies, jusqu'à la fin de sa vie, en 2015. Et même si la maison porte toujours profondément son empreinte, sa fille a décidé de la vendre et de tourner la page. Nathalie Plicot filme la dernière visite de la maison, dont les murs sont encore imprégnés de l'esprit et de l'âme de la cinéaste.
Né dans une vaste propriété de Fuente Vaqueros, près de Grenade, le poète Federico García Lorca meurt 38 ans plus tard, non loin de là. Durant sa jeunesse, il a passé beaucoup de son temps dans la villégiature de sa famille, la «Huerta de San Vicente». Ces deux demeures sont encore là, hantées par les objets et la présence du poète tourmenté, assassiné en 1936 par des phalangistes au début de la guerre civile espagnole. Les intérieurs paraissent humbles, presque austères, mais il en émane une atmosphère bienveillante. Les paysages ont fort peu changé et il est toujours possible de contempler la beauté sobre de la nature qui a imprégné ses vers.
Alors en pleine disgrâce, Chateaubriand trouve refuge dans un magnifique domaine situé à Châtenay-Malabry, non loin de Paris. En 1807, l'auteur vient de publier un article critiquant ouvertement Napoléon. Il jette son dévolu sur cette propriété dénommée la Vallée-aux-Loups, relativement modeste. Là, il écrit notamment «Les Mémoires d'outre-tombe». Sous la Restauration, il subit une nouvelle disgrâce qui le contraint à se séparer de son domaine. Aujourd'hui classée monument historique, la Vallée-aux-Loups accueille le musée Chateaubriand. Dans le parc, il est toujours possible de découvrir la tour Velleda où l'auteur avait installé son bureau.
Deux fois par semaine, en Angleterre, un discret cottage du XVIIIe siècle accueille les visiteurs épris de littérature. C'est en effet dans cette demeure du Sussex de l'Est que venait se reposer l'auteur Virgnia Woolf à partir de 1919. Malgré de profonds désordres psychiques, elle y passa des jours heureux en compagnie de son époux Leonard Woolf. Tous deux très engagés, ils y trouvaient volontiers refuge en compagnie des intellectuels et artistes qui leur rendaient visite en nombre. Le jardin fit l'objet de soins attentifs grâce à Leonard. En 1925, Virginia Woolf y écrivit son mondialement célèbre «Mrs Dalloway». Peu de choses semblent avoir changé depuis le 28 mars 1941, date de son suicide dans la proche rivière de l'Ouse.
L'humoriste français Raymond Devos a vécu à Saint-Rémy-lès-Chevreuse dans une demeure acquise au début des années 60. Le génie des mots y a passé des moments paisibles jusqu'à son décès en juin 2006.
Alexandre Dumas, au sommet de sa gloire, se fait construire le château de ses rêves : Monte-Cristo, dans la région parisienne. L'édifice de style Renaissance se distingue par ses nombreux ornements et son salon mauresque. Dumas fait également bâtir une maison gothique, refuge pour écrire. Ces constructions sont à l'image du raffinement et de la démesure de l'auteur des « Trois Mousquetaires ».
Chef-d'œuvre éternel, l'opéra-comique « Carmen » fut achevé en 1875 par le compositeur Georges Bizet dans sa demeure de Bougival, en région parisienne. Située sur les bords de la Seine, cette maison appartient au Conseil départemental des Yvelines et pourrait devenir un Centre européen de musique (CEM).
Dans la banlieue de Mexico, la Casa Azul conserve les traces de cette peintre avant-gardiste, inspiratrice du mouvement surréaliste. Elle y vécut plus de vingt ans avec son mari, l'artiste Diego Rivera. Elle a laissé un journal intime, riche de 150 tableaux dont 55 autoportraits. Frida Kahlo a connu la gloire avant sa mort, le 13 juillet 1954, à Mexico, à l'âge de 47 ans.
En 1976, alors qu'il règne depuis vingt ans sur le music-hall français, le chanteur achète 128 ha en friche à La Bussière, dans le Poitou. « Monsieur 100 000 volts » y fait construire une cabane en bois où il compose puis une vaste maison. Sa dernière épouse, Kitty, d'origine américaine, y vit toujours avec leur fille, Emily. Serge Lama, Olivia Ruiz, grande fan de Gilbert Bécaud, Kitty, Emily et Max, son petit-fils, livrent leurs témoignages.
Alphonse de Lamartine a déjà 30 ans lorsque son père lui fait don du château de Saint-Point en Bourgogne. Il vient de se marier avec Mary-Ann Birch, une Anglaise, et de publier son premier recueil de poèmes "Les Méditations poétiques", qui rencontre un succès considérable. Les Lamartine ne l'habitent pas immédiatement car ils font restaurer le château dans un style néogothique, alors très en vogue en Angleterre. Le couple y vit une diziane d'années jusqu'à ce qu'il s'installe à Paris où Alphonse de Lamartine démarre une carrière politique. Mais le poète vient s'y ressourcer et retrouver l'inspiration six mois par an, et ce, jusqu'à sa mort.
A la faculté d'architecture de Barcelone, quand il termina ses études, certains se demandèrent si Antoni Gaudí était un fou ou bien un génie. Il devint l'un des principaux représentants du modernisme catalan. Les vingt dernières années de sa vie, l'architecte vécut dans une grande bâtisse rose du parc Güell de Barcelone, maison pilote d'un ambitieux projet de ville-jardin du début du XXe siècle. Ce bourreau de travail a consacré une partie de son argent et 43 ans de son existence à la Sagrada Família, une basilique barcelonnaise dont le chantier est inachevé.
Le château des Rochers, situé à Vitré, en Ille-et-Vilaine, fut le lieu de résidence de la marquise de Sévigné (1626-1696), femme de lettres. Entouré d'un vaste domaine boisé, ce manoir gothique était particulièrement apprécié de Madame de Sévigné. Elle y séjourna à la suite du décès de son mari, Henri de Sévigné... lors d'un duel, en 1651. Vingt ans plus tard, elle fit construire une chapelle octogonale dans la propriété.
Disparue il y a tout juste deux siècles, l'auteure de «Raisons et sentiments» et d'«Orgueil et préjugés» est l'un des écrivains anglais les plus lus à travers la planète. Ses romans ont été traduits dans le monde entier et adaptés au cinéma. La maison où elle habita les huit dernières années de sa vie se trouve au cœur du petit village de Chawton, dans la région du Hampshire, en Angleterre. C'est entre ses murs qu'elle a écrit la moitié de son oeuvre et retravaillé trois de ses premiers romans. Les personnages qu'elle décrit font ainsi partie du décor local.
Lorsqu'il emménage en 1882 dans la Maison à la Tour, un hôtel particulier situé au 2, rue Charles-Dubois à Amiens, Jules Verne est déjà un écrivain reconnu et fortuné. Passionné de voyages et de bateaux, le quinquagénaire a malgré tout privilégié une vie studieuse. Pendant les 18 années où il habitera dans cette belle demeure bourgeoise, il écrira plus de 30 romans. Cet auteur est encore une source d'inspiration pour de nombreux réalisateurs, auteurs et autres aventuriers en herbe.
L'écrivain Honoré de Balzac (1799-1850) a vécu dans une dizaine de demeures. Il a dépensé des fortunes pour y créer des décors d'une grande richesse, qui lui ont valu des déboires avec les huissiers. Toute sa vie, Balzac a dû se cacher et ruser pour protéger ces lieux qu'il aimait tant. Parmi ceux-ci : le petit château de Saché, en Touraine - qui abrite le musée Balzac - et la maison parisienne de Passy, également ouverte aux visiteurs.
La romancière et essayiste Benoîte Groult, grande figure du féminisme décédée en juin 2016, a pu se consacrer à ses passions (littérature, pêche, jardinage) dans sa maison de Beg Roudou, en Bretagne. Une demeure de douanier comme suspendue au-dessus de la mer, acquise avec son époux, l'écrivain et journaliste Paul Guimard. Elle dit s'y sentir « à poste », comme un marin qui peut jeter l'ancre. L'auteure y a écrit le best-seller « Ainsi soit-elle », publié en 1975. Les cendres de Benoîte Groult reposent dans son jardin.
Louis Armstrong et son épouse Lucille vivaient à New York, dans le secteur de Corona, en plein quartier du Queens. Toujours en tournée, le célèbre chanteur de jazz aimait y revenir et y retrouver un voisinage métissé qui leur rappelait sans doute sa jeunesse à La Nouvelle Orléans. Lucille et lui y ont vécu des jours heureux. Ils n'ont jamais voulu quitter cet endroit et son ambiance familiale. Il est étonnant de constater que les habitants de Corona revendiquent toujours le souvenir de «l'Oncle Louis». Que reste-t-il de sa maison ?
Changer de vie, c'est le but de Sonia Rykiel lorsqu’elle emménage en 1968 dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, qu’elle ne quittera plus. Elle est en effet à un tournant de son existence : en quelques années, la sage épouse va se transformer en icône de la mode, «la plus parisienne des parisiennes». Elle s’installe dans un grand appartement rue des Saints-Pères en 1975, quand elle décide de quitter Sam, son mari. Elle fait abattre toutes les cloisons, peint les murs en bleu marine très foncé (et non pas en noir comme le veut la légende), chine des meubles disparates et s’y installe avec ses deux enfants. C’est là qu’elle vit, qu’elle reçoit, qu’elle dessine et qu’elle écrit, de jour comme de nuit. Anouk Aimée lit des lettres écrites par Sonia Rykiel.
En 1960, à 74 ans, Léonard Tsuguharu Foujita, peintre franco-japonais, achète une petite maison dans la vallée de Chevreuse, dans le petit village de Villiers-le-Bâcle. Elle sera sa demeure jusqu'à sa mort. Il installe son atelier au dernier étage : il y réalisera ses dernières oeuvres. Foujita débarque à Montparnasse en 1913, un an avant que l'Europe ne plonge dans la tourmente. Dans ce quartier de Paris, il croise d'autres expatriés, écrivains, poètes, peintres ou créateurs. Travailleur acharné, il dessine sans cesse, et notamment dans les cafés. Il s'invente un personnage à l'allure tout à la fois élégante et extravagante. Très vite, il devient l'un des portraitistes les plus recherchés de la capitale. Les années folles battent son plein et Foujita fait désormais partie du paysage artistique parisien.
En 1837, Charles Dickens, 25 ans, s'installe au 48, Doughty Street, à Londres. Plus qu'un refuge pour sa famille, cette maison va devenir le théâtre de son ascension. Quand il y pose ses meubles, il travaille comme reporter et écrit des nouvelles pour différents journaux. Mais en secret, il nourrit de grandes espérances, bientôt comblées. Dans son bureau du premier étage, Oliver Twist, Nicholas Nickleby et Mister Pickwick vont voir le jour et le consacrer. Trois ans plus tard, lorsqu'il quittera le 48 Doughty Street, il sera devenu le célèbre Charles Dickens. Pour l'heure, cette maison aux nombreux domestiques est déjà une revanche pour celui qui, durant son enfance, a assisté à la sombre dégringolade sociale de ses parents. Mais il est un autre secret : les garçons pauvres, humiliés et maltraités de ses romans prennent racine dans une plaie béante.
Voltaire a 65 ans lorsqu’il acquiert en 1759 un domaine à Ferney. L'écrivain et philosophe des Lumières, auteur de «Candide», de nombreuses pièces de théâtre, de poèmes et d’ouvrages historiques, immensément célèbre, est interdit de séjour à Paris et à la Cour de Versailles car ses écrits dérangent, sont censurés et parfois même brûlés en place publique. Voltaire opte donc pour cette petite bourgade, située à deux pas de Genève où il peut faire éditer ses livres. Déjà âgé pour l’époque, Voltaire pense qu’il finira ses jours à Ferney. Pourtant, il va y vivre encore deux décennies, sans doute la période la plus féconde de son existence, celle de ses combats contre le fanatisme, l’intolérance religieuse et l’arbitraire.
En juin 1950, l’écrivain André Breton découvre un village du Lot et y achète l'auberge des Mariniers pour en faire sa maison de campagne, un refuge pour créer et penser.
L'architecte et designer Charlotte Perriand a su s'imposer comme l'une des plus audacieuses créatrices du XXème siècle. Son chalet à Méribel nous raconte encore aujourd'hui, sa vie aventureuse et sa vision avant-gardiste de l'habitat.
C'est en plein cœur d'Etretat que Maurice Leblanc s'installe chaque été à partir de 1915 dans une villa baptisée le Clos Lupin, du nom de son héros légendaire, Arsène Lupin. Le personnage est né quelques années plus tôt, en 1905, pour concurrencer Sherlock Holmes, mais c'est sur cette côte d'Albâtre qu'il aime tant, qu'il va écrire la plupart de ses romans.
Dans sa ferme normande à colombages au milieu d'un vaste domaine acquis par sa mère quand il avait 5 ans, Fernand Léger peint ses gouaches le matin et reçoit ses amis autour d'un poulet rôti qu'il fait cuire à la cheminée.
Dublin a vu naître de nombreux auteurs mondialement connus. Parmi eux, Oscar Wilde dont l'existence fut tourmentée, notamment du fait de son homosexualité. C'est au nord de Merrion Square que la demeure où il grandit se situe. Elle fut l'une des premières à être bâtie dans le style géorgien à Dublin, en 1762. Que reste-t-il de cet auteur qui a lutté pour exprimer librement sa vision poétique du monde et sa déception des relations humaines, à grands renforts de provocation ? Une visite de cette maison s'impose.
En 1931, alors âgé de 32 ans, Ernest Hemingway s'installe avec sa femme dans une grande maison de style colonial franco-espagnol sur l'île de Key West en Floride, découverte grâce à son ami John Del Passos. Patrick Poivre d’Arvor ouvre les portes de cette demeure d'exception où l'écrivain rédigea, entre autres, les dernières pages de pour Qui Sonne le Glas.
Réalisateur de 43 films en 34 ans, dont le célibrissime "Les tontons flingueurs", le niçois Georges Lautner, disparu en 2013, vivait entre Neuilly et Grasse. Il y avait acheté un ancien moulin à huile en 1962 et y a vécu jusqu'à la fin de sa vie. Ce seigneur bienveillant du moulin y a reçu la plupart des comédiens avec lesquels il a tourné : Blier, Bruel, Delon, Belmondo, Darc, Lanvin et les scénaristes Michel Audiard et Jean-Loup Dabadie. Ceux qui l'ont connu évoquent son amour des acteurs et des seconds rôles.
En 1610, le peintre Pierre-Paul Rubens décide de s'établir dans la cité flamande d'Anvers et acquiert une demeure en brique dans le centre-ville pour la somme de 8960 florins et un tableau de sa main. Il y crée un petit palais Renaissance richement décoré et même une réplique du panthéon de Rome en miniature. L'artiste rêve surtout d'y créer un vaste atelier à la hauteur de ses ambitions, comme une revanche sociale sur le chaos de ses jeunes années. Cette propriété est destinée à abriter la future famille que Rubens envisage de fonder, un jardin d'agrément, mais également un lieu de travail.
A 38 ans, Emile Zola trouve à Médan, dans les Yvelines, une maison à laquelle il va profondément s'attacher. C'est dans ce lieu que l'écrivain déploie de nouvelles facettes de son génie romanesque et rédige Nana, Germinal et La Bête humaine. Le romancier va agrandir et transformer cette "cabane à lapin" qui aujourd'hui impressionne le visiteur tant part son allure que par ses dimensions.
Face à l'océan Atlantique, dans le village de Saint-Vincent-sur-Jard, un vieil homme médite sur les mille et une vies qu'il a eues. Tour à tour médecin, homme politique, journaliste ou écrivain, Georges Clemenceau est l'un des grands témoins de l'Histoire contemporaine. Une légende. Après une défaite électorale amère, il s'est retiré de la vie publique. Désormais, il va passer plusieurs mois par an dans sa retraite vendéenne. Son "château horizontal", comme il le surnomme. Homme de combat, il va également réussir à créer un merveilleux jardin impressionniste sur une dune aride et hostile.
En 1977, l'auteur de " Mirza ", du " Téléfon " ou des " Cornichons " décide de " s'exiler ". Il achète un domaine, " la Taillade ", loin de Paris et du show-business qu'il déteste avec les royalties d'un de ses plus grands succès : " le Sud " vendu à plus d'un million d'exemplaires en 1975. Cette belle bâtisse fortifiée datant du XVe siècle est plantée sur le sommet d'une colline du Lot, surplombant le petit village de Saint-Cyprien tout à côté du village de Montcuq. Nino Ferrer y mène sa barque comme il l'entend, exigeant, indépendant, parfois colérique. Il y élève des chevaux et continue à écrire des chansons.
Sa mère corse avait été bergère et, petite, Marie-José Nat allait traire les chèvres et les brebis, pieds nus, sur les chemins de rocaille. Toutes les femmes de sa famille allaient ainsi dans le maquis. C'était ici à Bonifacio, dans cette maison classée parmi les demeures les plus exceptionnelles au monde, que la comédienne retrouvait ce sentiment de liberté et les odeurs de l'enfance. Située tout en haut de la ville, au sommet d'une falaise sculptée par le temps, la maison domine la mer et offre au regard un panorama sublime.
Né dans la ville voisine de Fécamp, Guy de Maupassant passe tous ses étés à Etretat, en Normadie, avant que sa mère n'achète le terrain sur lequel il fera construire, en 1883, une maison bientôt surnommée La Guillette par une amie. L'enfant du pays approche la trentaine et il a enfin les moyens de s'offrir la demeure de ses rêves grâce à son premier livre, Boule de suif, qui a rencontré un joli succès. Une longue allée ombragée de frênes conduit à une grande maison de style méditerranéen en plein coeur de la célèbre station balnéaire normande, sur la côte d'Opale déchiquetée par ses magnifiques falaises calcaires.
Alors qu'il vient d'avoir 18 ans, Joan Miro tombe gravement malade du typhus. Ses parents l'envoient à Mont-Roig, en Catalogne, pour une convalescence qui durera presque un an. Cette année sera capitale dans la vie du jeune homme. Le citadin découvre une nature sauvage, qui l'éblouit. Elle le submerge, l'inspire et lui ouvre les yeux : il sera peintre. Son père rétif à cette décision finira par céder devant sa détermination.
La comédienne s'est éteinte le 17 octobre 2017, à l'âge de 100 ans, dans sa longère normande, où elle a passé ses quinze dernières années en compagnie de Jacques Jenvrin, fan de la première heure, de 20 ans son cadet. Dernier complice de l'artiste, le musicien Jacques Jenvrin invite les caméras dans l'antre de Danielle Darrieux : une demeure où tous les objets sont restés en place. Avec les témoignages, entre autres, de sa biographe, Clara Laurent, des actrices Dominique Lavanant et Evelyne Dandry, du journaliste, réalisateur et scénariste Thierry Klifa et de la chanteuse Arielle Dombasle.
Lorsqu'il n'est pas occupé à diriger son pays ou à sauver le monde occidental des griffes de Hitler, Winston Churchill (1874-1965) plante des racines profondes à Chartwell, dans le Kent, un comté d'Angleterre au sud-est de Londres qui le fait rêver depuis l'enfance. Winston achète Chartwell dans les années 1920. Avec sa femme Clementine, il entreprend de grands travaux pour transformer cette demeure élisabéthaine et l'immense domaine qui l'entoure. Winston Churchill édifie lui-même la plupart des murs du jardin. Il passe ici la moitié de sa vie d'adulte et vit des jours souvent heureux. Mais Chartwell, pour Churchill, c'est surtout son " usine à mots " : entre son lit et son fameux bureau, il écrit plus de quarante livres qui lui valent le prix Nobel de littérature, mais aussi de nombreux discours devenus célèbres.
L'écrivain Jean d'Ormesson vécut 55 ans et écrivit la plus grande partie de son œuvre dans son hôtel particulier de Neuilly. Son épouse Françoise, sa fille Héloïse, son ami François Sureau, son cuisinier Olivier Cadot, et sa dernière assistante Audrey Siourd dressent le portrait plein d'humour et d'affection d'un écrivain tout entier dévoué à la littérature, tour à tour érudit et léger.
En 1952, à presque 50 ans, Jean Gabin découvre l'Orne et crée le domaine de La Pichonnière où il vit les plus belles années de sa vie de famille. La propriété accapare toute son attention et ses projets. En dix ans, le domaine s'agrandit jusqu'à couvrir près de trois cents hectares. L'acteur y crée un élevage de 230 vaches ainsi qu'un haras d'une quinzaine de pur-sang. Jusqu'à son dernier souffle, il consacrera tout son temps libre, son argent et son coeur à développer ce domaine qu'il aimait tant.
Rosa Bonheur, peintre animalière du XIXe siècle, achète un château à By, à coté de Fontainebleau, en 1859. Elle y vit pendant plus de 40 ans avec ses amies et ses animaux.
En 1860, le jeune Gustave Caillebotte, âgé de 12 ans, découvre la maison de campagne que ses parents à Yerres. Il est loin d'imaginer à quel point il laissera son empreinte dans l'histoire de l'art.
Pendant 43 ans, l'abbé Pierre, qui a consacré sa vie à chercher un toit aux sans-abri, a trouvé refuge en Normandie, dans un manoir du XVIIIe siècle.
Ménerbes, dans le Luberon, a été décrit par Nostradamus comme un "navire dans l'océan des vignes". C'est dans ce village que Picasso acquit en 1943 une bâtisse du XVIIIe siècle, située à flanc de falaise, pour Dora Maar. Muse et compagne du peintre, Dora Maar fut aussi une photographe engagée, une femme indépendante, une figure du surréalisme, une artiste peintre et, à la fin de sa vie, une religieuse mystique.
Dans les années 1990, Azzedine Alaïa, connu dans le monde de la mode comme le maître de la couture, s'installe dans un ensemble industriel de plus de 4000 m2 dans le Marais, à Paris. Avec des studios de création, une grande verrière accueille ses défilés, sa boutique ainsi que ses appartements privés et ceux de son compagnon. Mêlant vie personnelle et professionnelle, le couturier a su faire de sa maison une médina parisienne devenue presque aussi légendaire que ses collections.
Homme de sciences réputé et respecté, Louis Pasteur attend d'arriver à l'aube de sa retraite et l'an 1882 pour devenir seul et unique propriétaire de la maison où il vécut son enfance après avoir racheté sa part à sa sœur. Désormais âgé de 60 ans, le pionnier de la microbiologie peut profiter de son paradis situé à Arbois, une bourgade perchée sur les hauteurs du Jura, et traversée par une petite rivière, la Cuisance, qui donnera son surnom à son "château", comme le chimiste se plaît à appeler son havre de paix.
A la Mothe, dans le Loiret, le compositeur Michel Legrand vit le grand amour avec Macha Méril, cinquante ans après leur première rencontre. Il joue du piano et compose de nombreuses oeuvres dans cette propriété qu'il s'est offert sur le tard, comme une revanche sur une enfance difficile et les aléas de la vie.
Le célèbre couturier Pierre Cardin s'est passionné tout au long de sa vie pour les maisons, et s'est permis toutes les folies. Son acquisition la plus extravagante fut une étonnante réalisation aux allures de station spatiale. Il la découvre au début des années 1980, alors qu'il passe ses vacances dans l'une de ses résidences, située à Théoule-sur-Mer qui donne sur la baie de Cannes. Par la fenêtre de son manoir, son regard est attiré par des drôles de bulles qui sortent de terre sur la corniche d'en face, une sorte d'ovni architectural.
Bourvil, de son vrai nom André Raimbourg, achète en 1955 à Montainville, village perdu des Yvelines, une maison blanche atypique perchée sur une colline, alors que la France fredonne ses chansons comiques, qu'il triomphe dans des opérettes et s'apprête à jouer un des rôles de sa vie : " La traversée de Paris ". Ici, il s'évade pour retrouver son jardin où il aime planter des arbres. Une nature qui lui rappelle sa Normandie natale qu'il aime au point d'avoir adopté comme nom d'artiste celui de son village, Bourville. Cet acteur resté immensément populaire est raconté par ses fils, Dominique et Philippe Raimbourg, sa nièce, Gervaise Leméteil, Danièle Thompson, Marina Vlady et Xavier Beauvois.
Icône de la chanson française à texte, muse de Saint-Germain-des-Prés, symbole de liberté et de féminité, Juliette Gréco s'échappait régulièrement de Paris pour goûter la douceur de vivre dans sa maison de Ramatuelle. Lorsqu'elle décide de s'y établir, en 1985, ça n'est pas une lubie. Elle va passer de longs moments dans son jardin d'espèces méridionales et d'orchidées blanches.
A Paris, sur la butte Montmartre, au 12 rue de la rue Cortot, vécut un des plus grands noms de la peinture de la première moitié du XXe siècle : Suzanne Valadon. Malgré une reconnaissance de son vivant, l'histoire l'a longtemps oubliée. Aujourd'hui, son oeuvre d'une grande modernité revient au premier plan. D'abord modèle pour Puvis de Chavanne, Renoir et Toulouse-Lautrec, Suzanne Valadon commence alors à fréquenter le milieu artistique de Montmartre. Soutenue par Degas, la jeune femme, qui dessinait depuis longtemps, se consacre ensuite entièrement à sa passion pour la peinture.
C'est dans le bourg de Valvins, en Seine-et-Marne, dans une ancienne auberge pour mariniers du XVIIIe siècle que Stéphane Mallarmé prend ses quartiers d'été à partir de 1874. Le poète s'installe dans "la petite maison au bord de l'eau" pour y passer les mois d'août et de septembre avec femme et enfants. Un des attraits du village est la proximité de la forêt de Fontainebleau. Dans son lieu de villégiature, la famille Mallarmé côtoie de nombreux poètes et peintres des alentours : Georges Seurat, Edouard Vuillard, Berthe Morisot, Pierre Louÿs ou encore Paul Nadar.
En 1981, une valise est déposée au département Musique de la Bibliothèque nationale de France. Ce legs est assorti d'une condition : interdiction absolue d'ouvrir la malle avant trente ans. Le mystérieux contenu appartient à Nadia Boulanger, récemment décédée. Cheffe d'orchestre, organiste, pianiste et pédagogue, Nadia Boulanger était considérée comme une sommité dans le monde de la musique, en France comme aux Etats-Unis. Pendant près de 75 ans, elle a enseigné la musique à Paris et dans son domaine des Maisonnettes, à Gargenville. Lorsque trente ans après son dépôt, la valise est ouverte, elle livre de surprenants secrets.
Auteure de "La ferme africaine", du "Dîner de Babette" et de nombreux contes merveilleux, la romancière danoise Karen Blixen était une artiste totale qui aimait autant la littérature, la cuisine et la nature qui l'entourait. Hormis 17 ans passés au Kenya, elle a vécu toute sa vie dans sa maison de Rungstedlund, au Danemark, entre Copenhague et Elseneur. C'est dans cette demeure de bord de mer datant du XVIIe siècle que Karen Blixen est née et a grandi, a connu de nombreux drames et écrit son oeuvre.
C'est dans le village de Domrémy, situé au milieu de la vallée de la Meuse, qu'est née Jeanne d'Arc vers 1412. L'humble maison familiale est la seule trace concrète qui demeure aujourd'hui de la Pucelle, avec l'église où elle a été baptisée et la chapelle de Bermont, non loin de là, où elle se rendait en pèlerinage. Jeanne d'Arc a quitté Domrémy un jour de 1429 pour changer le cours de l'histoire. Celle qui est devenue une légende nationale était aussi une jeune fille qui n'avait peur de rien et qui a rompu avec tous les codes liés à la vie des femmes de son époque.
En 1949, lors d'une tournée sur la Côte d'Azur, Yves Montand rend visite à Jacques Prévert, qui a ses habitudes à l'hôtel de la Colombe d'Or, à Saint-Paul de Vence. Le chanteur et comédien tombe aussitôt amoureux de l'hôtel, du village et de Simone Signoret, qu'il rencontre lors de ce séjour. Trente-cinq ans plus tard, en 1984, Yves Montand se fait construire une petite maison, au pied des remparts du village provençal pour protéger son idylle avec Carole Amiel, elle aussi rencontrée à Saint-Paul de Vence.
C'est en 1960 qu'Aimé Césaire, alors âgé de 47 ans, achète une maison à Fort-de-France. Ecrivain reconnu et homme politique, il restera maire de Fort-de-France pendant 56 ans et député de la Martinique pendant 38 ans. Ces deux professions semblent bien antinomiques, mais pas pour Aimé Césaire. Il vivra dans sa maison sa vie d'écrivain et d'homme engagé jusqu'à sa mort, le 17 avril 2008 à l'âge de 94 ans.
Le grand chef cuisinier Paul Bocuse est né, a travaillé et est décédé dans la même maison-restaurant, l'hôtel du Pont-de-Collonges, près de Lyon.
Toute sa vie, Annie Cordy s'est définie comme rigolote. C'est sur scène qu'elle explose et qu'elle retrouve celui qui lui donne cette énergie exceptionnelle : son public. La maison blanche de cette artiste excentrique est posée à Vallauris, sur les hauteurs de Cannes, face à la Méditerranée. D'abord lieu de ressourcement et de repos entre deux films ou tournées de chant, la demeure, baptisée villa Dolly, deviendra sa résidence principale les trente dernières années de sa vie.
C'est dans une superbe demeure provençale et palladienne, au Rayol-Canadel, proche de Saint-Tropez, que Sacha Distel -l'auteur et interprète du tube mondial " La Belle Vie " - passe l'été quand il n'est pas en tournée. Dans sa villa "Thalassa", véritable promontoire au-dessus de la mer, il se ressource avec sa famille, loin des tumultes du show-business. Toujours accompagné de sa guitare, c'est ici que le crooner compose face à la Méditerranée.
Plus de 350 ans après sa mort à Amsterdam en 1669, le célèbre peintre Rembrandt défraye toujours la chronique et suscite des remous dans le monde de l'art. Certaines toiles auraient été attribuées à tort au maître hollandais. Pourtant, à Amsterdam, à quelques pas de sa maison, dont le peintre avait fait l'acquisition en 1639, un jeune marchand d'art est persuadé d'avoir découvert un chef d'oeuvre jusqu'alors inconnu du maître : le portrait d'un jeune homme vêtu d'une cape de velours...
C'est dans une belle maison appartenant à Colette Hubert, sa seconde épouse, que le poète Léopold Sédar Senghor vient profiter de la fraicheur normande, tous les étés, durant les vingt ans où il est président de la République du Sénégal. Lorsqu'il quitte le pouvoir en 1980, il réside de plus en plus souvent ici, à Verson, près de Caen. Il finit même par déposer définitivement ses valises dans cette demeure noyée dans la verdure. Dans sa décoration, la maison de Léopold Sédar Senghor reflète fidèlement sa double appartenance au Sénégal et à la France.
Existe-t-il une demeure d'artiste qui ait plus d'âme que celle d'Amália Rodrigues à Lisbonne ? C'est dans cette maison jaune du XVIIe siècle, située rue de São Bento et décorée d'azulejos traditionnels, que la chanteuse, surnommée la "voix du Portugal", vécut pendant plus de 40 ans. Née en 1920 dans une famille très pauvre, Amália devint dès ses débuts la plus grande interprète de fado de son pays avant de populariser ce chant dans le monde entier et de faire une carrière internationale exceptionnelle.
Isolée sur un rocher face à la Méditerranée, se cache la villa au nom énigmatique de E-1027. Contrairement aux apparences, cette maison de Roquebrune-Cap-Martin sur la côte d'Azur fut édifiée il y a près de cent ans. Ce chef-d'oeuvre de l'architecture moderne est né du génie d'une des plus grandes designers et architectes du XXe siècle, l'irlandaise Eileen Gray. La visite de cette maison permet d'esquisser le portrait de celle qui l'a conçue jusque dans ses moindres détails.
Au nord des Etats-Unis, dans le Maine, sur l'île des Monts déserts, se niche l'antre d'une des plus grandes et des plus secrètes femmes de lettres françaises : Marguerite Yourcenar. C'est dans une petite maison de bois blanche, qu'elle appelait Petite Plaisance, qu'elle a vécu de 1950 à 1987 avec Grace Frick, sa compagne d'origine américaine. Derrière la grande écrivaine, première femme élue à l'Académie française se cachait une femme libre et passionnée qui a toujours vécu hors des conventions.
Icône de la comédie populaire disparue en 2018, Maria Pacôme a mené pendant 53 ans une vie de bohème et de création dans sa meulière de Ballainvilliers, au sud de Paris. Acquise en 1965 à la naissance de son fils, elle s'est y installée après avoir tourné "Les tribulations d'un Chinois en Chine" avec Jean-Paul Belmondo. Pendant un demi-siècle, elle a été une figure du théâtre de boulevard, faisant les beaux jours d'une émission célèbre "Au théâtre ce soir". Autrice à succès, Maria Pacôme a rédigé sept pièces dans sa maison de Ballainvilliers.
Jean Moulin a donné son nom à des milliers de rues et d'établissements scolaires, mais c'est à Béziers, au 6 rue d'Alsace, qu'il est né. C'est malheureusement avec la ville de son martyr que l'on identifie le héros : Lyon. Pourtant, Béziers est le chaînon manquant dans l'histoire de cette figure phare de la Résistance. L'appartement donnait sur la place du Champ-de-Mars de la sous-préfecture de l'Hérault. Du balcon, on dominait la caserne et son va-et-vient de soldats à pied et à cheval. La place était aussi un lieu de jeux et de spectacles. Ce balcon, c'était le poste d'observation du petit Jean sur le monde. C'est là, auprès d'un père humaniste et impliqué en politique, qu'il a forgé son caractère et ses idéaux.
A la fin des années 1880, le peintre Paul Gauguin quitte Paris pour la Bretagne. C'est une rupture fondamentale dans sa nouvelle vie d'artiste. Sans le sou, il lui est impossible de vivre de son art dans la capitale. Abandonnant femme et enfants, en quête de l'être sauvage qu'il porte en lui, Gauguin espère trouver dans le Finistère une vie plus simple, plus authentique où il pourra librement exprimer son art. C'est au Pouldu, petite station balnéaire, qu'il s'installe en 1889 après plusieurs séjours à Pont-Aven. Il prend pension au bord de la mer, devant la plage des Grands Sables, à "la Buvette de la Plage".
Dans l'intimité de son appartement parisien sur la place des Vosges et dans l'ombre de sa grande maison d'exil à Guernesey, Victor Hugo a écrit les pages de sa légende. Mais que savons-nous de sa dernière fille Adèle, qui vécut dans ces deux lieux pendant plus de 30 ans. On ne la connaît que sous les traits d'Isabelle Adjani, dans le film de François Truffaut. Adèle y tombe éperdument amoureuse d'un homme qui la rejette et sombre doucement dans la folie. Pourtant cette jeune femme méconnue était écrivaine et surtout une grande compositrice. C'est entre ses murs, à Guernesey, qu'Adèle a composé toute son oeuvre.
François Chalais a parcouru le monde comme grand reporter, même si le public se souvient d'abord de lui pour le ton inimitable avec lequel il commentait le festival de Cannes. Journaliste passionné, il a toujours tenu en haute estime les métiers de l'information. Dans les rues de Harlem, dans les bidonvilles du Brésil ou auprès de l'armée cambodgienne, il s'est intéressé avant tout à l'humanité qui l'entoure. A 53 ans, toujours marqué par la tragédie du Vietnam, cet homme de terrain a besoin d'un refuge pour se reconstruire et le trouve, avec son épouse Mei-Chen, dans un duplex parisien, dont la forme évoque à ses yeux la scène d'un théâtre. Entre ces murs, le journaliste pose ses valises, pour la première fois. Ici, il a souhaité poursuivre un rêve d'enfant : devenir écrivain.
La maison d'Edouard Glissant, écrivain humaniste antillais et figure importante de la scène intellectuelle française, se trouve un peu à l'écart du petit bourg du Diamant en Martinique. Ce qui lui plaisait ici, c'était l'immense terrasse qui prolongeait la maison et qui lui donnait l'impression d'être à la proue d'un bateau. Le plus souvent, c'est là qu'il aimait s'installer pour écrire quand tout le monde était endormi, avec pour seule compagnie, le son puissant de la mer qui l'enveloppait et celui des hylobes, ces petites grenouilles qui chantent dès la tombée du jour sous les tropiques.
A l'orée de sa gloire, Sacha Guitry veut s'offrir une résidence d'été pour y passer ses vacances et pour recevoir ses amis avec faste. Son choix va se porter sur une maison de maître de style anglo-normand, entourée de bois, située sur une boucle de la Seine, à Yainville, près de Jumièges, une petite bourgade perdue dans la campagne normande. C'est son ami Claude Monet qui dessinera le jardin de la propriété. Dans cette maison, il écrira quelques-unes de ses pièces, s'inspirant même de son intérieur pour imaginer ses décors de théâtre.
C'est à Châtelain, dans une ferme de 3 hectares perdue au milieu des champs que Mylène Demongeot décide de changer de vie en 2011. A 75 ans, elle troque le luxe de sa villa méditerranéenne de l'île de Porquerolles contre une simple longère à la douceur angevine, clamant haut et fort qu'elle a trouvé ici le rêve de sa vie. Dans ce havre de paix, le silence n'est troublé que par les grenouilles et les oiseaux, si bien qu'elle la baptise Chandoiseau. L'actrice aux 70 films trouve ici son plus beau rôle : celui d'une femme libre dont la nature profonde est de jouir de la vie.
A Fécamp, rue de la Plage, au milieu des petites maisons de pêcheurs blotties les unes contre les autres, on découvre la boucane où vécut l'exploratrice Anita Conti. C'est là qu'elle faisait régulièrement escale. De la fenêtre de son salon, elle pouvait apercevoir la mer. Si le nom d'Anita Conti reste peu connu du grand public, l'histoire de cette océanographe, pionnière de l'aquaculture et de l'écologie, est digne des plus grands explorateurs.
C'est à deux pas d'Uzerche en Corrèze, dans la maison familiale de Meyrignac que Simone de Beauvoir passe ses vacances jusqu'à l'âge de 21 ans. Elle échappe au petit monde contraint de sa vie d'écolière parisienne pour s'ébattre dans le vaste parc paysager créé par son grand-père Ernest. Eté après été, Simone y affirme sa soif d'indépendance et son envie d'écrire, incongrue pour une jeune fille dans les années 1920. C'est là qu'elle noircit les pages d'un premier roman et là aussi qu'elle retrouve Jean-Paul Sartre en cachette pour leurs premiers ébats amoureux.