Sel et Mazette ont fait partie du groupe de militant·e·s qui a occupé la forêt d’Arlon en Belgique, pour la protéger contre un projet immobilier. Au printemps 2021, la ZAD est démantelée par la police belge. Sel et Mazette décident alors de prendre la route pour garder tendus les liens de la solidarité. Si la ZAD n’est plus, il faut la recréer partout ailleurs. Qu’avec cette expulsion, soient projetées sur l’ensemble du territoire belge les graines d’un autre vivre-ensemble. Comme Sel et Mazette le disent, il s’agit ici de “faire pays dans le pays”. De fermes autogérées en squats, de leur lutte fémi- niste à l’aide aux démuni·e·s, elles promènent dans leur petite auto les chansons de leur colère intacte. « ZAD Partout » suit, à hauteur de femmes, cet élan utopiste et la façon dont il change celles qui l’ont initié.
Au cœur du Pays Basque espagnol, le village de Bergara, dans la vallée du fleuve Deba. C’est ici, à flanc de montagne, qu’Ane, 34 ans, a décidé de creuser la terre pour y faire naître son utopie. En huit ans, elle a transformé un petit potager en ferme agricole grâce à la permaculture. Une exploitation qu’elle gère seule au quotidien et qui la fait désormais vivre. De sa lutte politique, elle a fait naître une nourriture à la fois concrète et spirituelle qu’elle partage au sein d’un réseau coopératif d’entraide réparti sur tout le territoire alentour. Une leçon d’apprentissage, d’humilité et d’humanité.
Au commencement, il y a un désir de paix, au milieu d’un territoire si souvent évoqué pour ses guerres. À Neve Shalom - Wahat al-Salam, à 30km de Tel-Aviv et autant de Jérusalem, s’écrit une autre histoire, celle du partage et de l’écoute. Ce récit est porté par tout un village dont le nom - ”Oasis de paix”, écrit en hébreu et en arabe jusque sur Google Maps - est lui- même un symbole. Ici chrétiens, juifs et musulmans construisent un projet aussi simple qu’ambitieux : celui de vivre ensemble. Leur boussole : la paix avant tout, pour faire monde différemment, collectivement. Depuis 52 ans, la flamme de cette utopie éclaire, persiste, grandit, malgré le souffle des bombes voi- sines. Sur cette petite colline, nous avons rencon- tré Rita, Mayan, Neriya, Boaz, Nasser, Nour... Il y a des jeunes et des moins jeunes, des femmes et des hommes, certain·e·s ont quitté le village puis sont revenus mais toutes et tous, à leur façon, avec courage et tenacité, continuent de f
Sarayaku est un territoire et un peuple situé au nord de l’Amazonie, au sud de l’Équateur. Les membres des sept communautés - et autant de communes - qui le constituent défendent leur culture Kichwa et « la forêt vivante » contre les tentatives, sans cesse répétées, d’extraction pétrolières. Aux côtés d’Abigael, Ilda, Angun et Tupac nous avons découvert une utopie aussi luxuriante que l’immense forêt qui l’abrite. Démocratie directe, transparence, égalité de toutes et tous, luttes juridiques, physiques s’il le faut, défense du vivant et de la biodiversité, maîtrise des outils de communication politique, pré- servation des coutumes mais aussi questionnement de certaines traditions jugées trop « machistes »... la vitalité des combats des Kichwas de Sarayaku est d’une intensité stupéfiante.
Depuis 38 ans, le Mouvement des sans-terre crée des espaces d’égalité, de souveraineté alimentaire, d’éducation et de partage pour celles et ceux qui n’avaient plus rien. Plusieurs centaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants se bâtissent chaque jour, aux 4 coins du Brésil, une vie libre et choisie. Intensément féministes, écologistes et égalitaires, ils se confrontent quotidiennement à la brutalité de l’agro-business et à la folie de Jair Bolsonaro. Leurs seules armes sont l’agro-écologie, l’éducation, la solidarité et la démocratie. Dandara, Moar, Kaleen, Déborah, Helen, nous ont emmené sur ces terres occupées, réappropriées. Des terres d’accueil, littéralement, où la vie reprend racines
À quelques kilomètres des zones de conflit, le village de Nijné Sélitché, un réseau de fermes, et celles et ceux qui fuient la guerre. C’est ici, en Transcarpatie ukrainienne que Longo Maï, l’utopie du temps long, se confronte au chaos. En provençal, Longo Maï signifie « qui dure longtemps ». Depuis les années 70, ce sont plus de 200 personnes de tous âges, qui apprennent, expérimentent et bricolent ensemble un futur plus harmonieux. C’est un archipel de lieux autogérés, agricoles, communautaires et propriétaires de ses terres qui défendent la petite paysannerie face à l’agro-industrie. Mais depuis le début de la guerre en Ukraine, c’est à l’urgence que la communauté doit se frotter. Et la solidarité prend corps : au total, 1 000 déplacé.es de guerre sont accueilli.es, des flottes de minibus sont affrétées pour fournir nourriture, médicaments, matériel vers l’est du pays, d’autres pour évacuer celles et ceux qui veulent fuir vers l’ouest. Ici, comme partout en Ukraine, tout est à l’