Janvier 2018, je commence ma transition FtoM (femme vers homme) et je l'annonce à ma famille, ma mère en particulier qui le vit plutôt mal. Je filme en direct ma première injection de testostérone qui est un vrai fiasco !
Les premiers effets de la testostérone apparaissent. Ma voix commence à muer et je suis suivi par un phoniatre et une orthophoniste. Ma mère s'inquiète...
Il est temps de faire mon coming out public, j’enregistre une vidéo qui va sortir pendant que je suis au festival de Cannes. Les médias s’emparent du sujet et je suis invité à en parler un peu partout, pour le meilleur et pour le pire !
Pas facile de bosser en tant qu’acteur quand on est « entre deux », avec des traits trop féminins pour décrocher des rôles d'hommes... Pour passer un casting et faire mes photos d’acteur, je me fais poser une fausse barbe de cinéma histoire de renforcer mon cispassing !
Ça y est, j’ai appris à me faire moi-même mes injections de testostérone. Plus besoin d’infirmière. J’apprends à mes copains trans à se piquer eux même et mon meilleur ami m’apprend lui à me raser.
Je suis invité à présenter mon film "Embrasse-Moi !" à San Francisco. Là-bas, je tombe amoureux de Charlie, une femme queer et polyamoureuse qui va m’apprendre les bases du polyamour : pas facile pour un débutant !
J’ai rassemblé tous les papiers pour mon changement de prénom et d’état civil, direction la mairie pour déposer la demande. Je rencontre en parallèle deux chirurgiens pour choisir avec lequel je vais faire ma mastectomie dans quelques mois.
Et pour les autres, ça se passe comment ? La communauté trans est un peu ma nouvelle famille. On partage avec mes amis FtM nos anecdotes les plus hallucinantes, que ce soit avec des médecins ou nos parents. Engagé, je participe à l’existrans et d'autres manifs et colloques où je milite pour nos droits.
Charlie est venue passer l’été en France, c’est toujours l’amour. Mais elle repart avant mon opération à Lyon où ma meilleure amie m’accompagne. Ensuite c’est la convalescence et toujours des discussions houleuses avec ma mère...
La distance est trop dure à supporter avec Charlie, on se sépare. Je me débats avec la sécurité sociale pour me faire rembourser mon opération. Le chirurgien suit l'évolution post-opératoire. Le tribunal me convoque pour mon changement d’état civil et je rencontre Clémentine avec qui nous tombons amoureux.
On retrouve Océan, dont on avait suivi la transition de genre dans la saison 1, de janvier 2018 à mars 2019. Où en est-il dans sa vie 2 ans plus tard ? On découvre dans cet épisode que malgré son cispassing, tout n’est pas rose : il a gardé pas mal de complexes physiques malgré son passing, se retrouve pris entre la soudaine complicité des hommes cis, souvent basée sur le sexisme, et son propre féminisme viscéral, et galère dans son travail d’acteur. Sans parler de sa pote Mika qui le vanne toujours autant, se délectant de faire passer Océan pour un con à la moindre occasion ! Ses copains Jasmin et Noam évoquent aussi les difficultés à affirmer leurs corps hors des normes notamment dans la communauté queer. Cette ouverture de saison pose la question fondamentale de la place d’Océan et à plus grande échelle du corps trans dans la société actuelle.
Les luttes anti-racistes et le mouvement BLM8 en particulier ont eu une place prépondérante en 2020. Dans ce contexte, la question du privilège blanc a été largement présente dans la communau- té queer, provoquant parfois des tensions, y compris dans la vie intime d’Océan. Dans cet épisode, il va voir ses ami.e.s et ex concerné.e.s pour mieux comprendre ces problématiques raciales et les propres erreurs qu’il a pu commettre.
Toujours compliqué de travailler quand on est une personne trans... en particulier quand on est un.e artiste de scène. D’autant que le thème de la transidentité est à la mode et que de nombreuses personnes cis s’en emparent. Dans cet épisode, Océan se confronte à différentes situations de rejet et d’incompréhension et doit argumenter pour défendre sa légitimité face aux personnes cisgenres. Il échange aussi avec Phoenix, artiste performer et cinéaste, et Sorour, danseur.euse, performer. euse non binaire, réfugié.e iranien.ne, qui se confrontent à d’autres difficultés encore.
La mère d’Océan était l’un des personnages les plus marquants de la saison 1, avec ses difficultés à accompagner son fils dans sa transition. Où en est-elle aujourd’hui ? Et les mères des jeunes garçons trans qui ont 20 ans en 2020, ont-elles plus de facilité à accepter les parcours de leurs enfants ? Parler des mères, c’est parler des identités trans puisque les mères ont tant de difficultés à voir leurs enfants changer. On accompagne Océan à Lyon, chez son chirurgien, où il programme une dernière opération de retouche pour son torse, puis à Marseille, où Océan et ses amis se confronteront à des masculinités et des corps bien différents des leurs, dans une baignade joyeuse.
Un des plus gros enjeux dans les parcours de transition est de trouver des médecins « safe » pour accompagner sans juger. Malheureusement, les médecins ont aussi des biais transphobes et grossophobes, quand bien même c’est parfois plus par ignorance que par malveillance. Océan préfère cacher sa transidentité maintenant que ses papiers sont changés, mais ça peut parfois poser problème ... De leur côté, Armin, Cosme et Barbara racontent à Océan que la grossophobie10 ne se limite pas aux rendez-vous médicaux, même si ces situations sont particulièrement anxiogènes. Océan a la volonté de déconstruire tout à fait sa grossophobie interiorisée, même si ce n’est pas une tâche si facile.
Les handicaps sont généralement invisibilisés, ou mal visibilisés par des personnes non concernées. Ajoutez à cela le fait d’être trans, et/ou racisé, et l’invisibilité est complète. Océan va interroger Shane, un homme trans sourd racisé, et Eve, interprète en LSF pour qui il a un coup de cœur (non réciproque !) qui ont créé avec d’autres le collectif queer « Mains Paillettes ». Il échange aussi avec Dave, qui vit avec sa compagne, et qui est lui en fauteuil roulant.
Comment se passent les incarcérations quand on est transgenre ? Le système carcéral, dont on connait la violence, se montre particulièrement oppressif avec les personnes trans. Ravane, côté femme en prison d’hommes et Solenn, côté homme en prison de femmes, témoignent tant de la prison elle-même que des conséquences dramatiques que ces passages dans le système carcéral ont eu sur leurs vies.
L’espace public est l’endroit le plus symptomatique de la transmysoginie : harcèlement de rue, questions intrusives, violences physiques... Il faut comprendre que les femmes trans vivent une transphobie spécifique, mélange de sexisme ordinaire et de transphobie. Lexie, Brieuc et Sasha racontent leurs expériences et comment elles ont dû apprendre à s’armer pour surmonter ces épreuves. Elles expliquent aussi leur difficulté à trouver leur place dans les mouvements féministes traditionnels, où elles vivent aussi rejets et suspicion. La question du suicide est présente dans chacun de leurs parcours, et frappe malheureusement parfois de plein fouet de jeunes femmes comme elles. En miroir, Océan continue son travail de déconstruction du genre en se dirigeant vers une performance de genre plus fluide. Avec ses camarades, ils se lancent dans un collage de rue nocturne énergique et militant pour que ces questions soient visibles dans l’espace public.
Les parcours de transition peuvent parfois modifier les sexualités des concerné.e.s. C’est un sujet délicat à aborder car le public non averti a tendance à confondre « identité de genre » et « orientation sexuelle ». Mais une fois cette distinction faite, il est passionnant d’échanger entre personnes trans sur ce que leurs transitions ont fait bouger en terme de désir. Océan, toujours à fond dans son travail de déconstruction, essaie de « devenir » PD et s’inscrit sur une appli de rencontre. Malheureusement, ladite rencontre ne sera pas une grande réussite et renverra encore une fois Océan aux difficultés de trouver sa place juste dans les relations amoureuses. Pour en rajouter une couche, Océan se farcit un trajet en Uberpool avec un gay misogyne... rappelant douloureusement à Océan qu’être « LGBTQI+ » ne garantit pas forcément d’être féministe ! Océan et sa bande, dans un mouvement puissant et joyeux de libération de corps et de réappropria- tion de l’espace public, envahiront les quartiers chics nus et cagoulés pour un shooting photo militant.
Océan va échanger avec son ami Ali, jeune papa trans qui a accouché de la petite Salomé il y a presque un an. Cette question de la transternité11 va bouleverser Océan et rappelle Océan qu’on peut être trans et construire une famille. C’est justement à ce moment là qu’il rencontre la belle Johanna pour qui il a un crush, mais celle-ci étant totalement « hétéra », Océan se méfie...
Conclusion de cette saison 2 : Océan a enfin trouvé une place qui lui convient. Après un dernier rebondissement inattendu avec Johanna, la décision est finalement prise que ce sera elle qui portera son enfant, et sans attendre. Pour autant, « men will be men » et Océan ne cesse pas de se heurter au sexisme et à la transphobie dans sa vie « hors milieu », en particulier justement avec les hommes cis hétéros blancs ... Dans une confrontation drôle et grinçante, qui raconte toujours plus fort le fossé entre le monde mainstream et la communauté, Océan, porté par son histoire d’amour, va enfin s’en sortir gagnant. Comme le confirme ce nouveau tirage de tarot, bien plus lumineux et apaisé que celui vu en ouverture de saison, Océan est à présent capable de renoncer à ses fantasmes passés et d’embrasser le réel. Sa place de potentiel futur papa est en cohérence avec sa place actuelle de « Papa trans » des garçons trans de la commu, comme le jeune Eliot, qu’il accompagne à son rendez-vous pour planifier sa mammectomie, et qu’il encourage à tenir bon malgré les épreuves extrêmement dures qu’Eliot a traversé.