Mais, vous direz-vous, si les shadoks pouvaient aller en bateau de la planète shadok à la planète gibi, pourquoi n'allaient-ils pas directement et par le même moyen sur la Terre ? A cela il y avait deux raisons. La première relevait du second principe fondamental de la logique shadok qui disait : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué... ». La seconde relevait de lois cosmiques beaucoup plus sérieuses : c'est, que pour aller sur la Terre il aurait fallu monter et que si on avait monté, l'eau aurait coulé et, très rapidement, il n'y en aurait plus eu. Les gibis, qui les voyaient arrivés, se disaient : « Jouant leur un tour, camouflons notre planète, tirons des feux d'artifices ! ». Il faut dire que les gibis avaient des feux d'artifices spéciaux qui faisaient de l'obscurité. Et quand on les tirait de jour, on n'y voyait plus rien, et de nuit, il faisait encore plus nuit. Et les shadoks, ne voyant que de l'obscurité, continuèrent à ramer vers les espaces extérieurs et apparemment infinis du cosmos. Ils ramèrent longtemps, longtemps, longtemps… Ils s'épuisèrent, dépérirent, désespérèrent puis se pardonnèrent leurs péchés. Et le marin shadok, lui-même, noyait sa peine dans une sobriété exemplaire. Mais un jour, un pauvre marin s'écria : « La planète gibi ! La planète gibi ! » Or, ce qu'il voyait là, vous le savez, ça n'était pas la planète gibi. C'était quoi ?