Ce premier volet débute avec le manifeste fondateur de l'ouvrier typographe Pierre-Joseph Proudhon, qui jette les bases d'une solution anarchiste face à la terrible misère faisant rage dans les grands bassins industriels. Ainsi, en 1864, lors du Congrès de la Première Internationale des travailleurs à Londres, les anarchistes sont largement majoritaires. Cet épisode rappelle aussi que la «propagande par le fait» choisit par certains anarchistes inaugure un terrorisme international.
Au sortir de la Première Guerre mondiale, dans une Europe exsangue, l'anarchisme semble avoir perdu l'essentiel de son influence. Dans cet entre-deux guerres où, très vite, les totalitarismes fascistes et soviétique se font face, il reste fort en Amérique. Puis, au printemps 1936, l'élection en Espagne d'un gouvernement de Front populaire va permettre aux anarchistes d'écrire, notamment en Catalogne, l'une des pages les plus marquantes de leur histoire, avant d'être écrasés dans la tourmente de la guerre civile
Après la chute du nazisme, le mouvement anarchiste retrouve un second souffle : sa dénonciation de toute verticalité comme danger totalitaire devient plausible. Ce combat culmine en 1968, lorsqu'une partie des étudiants, loin des mots d'ordre des partis communistes en place, rejette toute forme d'autorité.
Dans la suite de la Guerre froide, où les puissances impériales rivalisèrent de violence, le principal péril de l'anarchisme n’était plus de disparaître. Il était de s'aliéner. Mais, au cœur des grandes mobilisations sociales, l'anarchisme est toujours présent, sans toujours dire son nom, et relance pour un tour au moins la grande roue de notre histoire.