Les écrivains entretiennent souvent une relation particulière et singulière avec certains lieux - maison de leur enfance, refuge sentimental, demeure chère à leur cœur. Dans ce premier volet, Patrick Poivre d'Arvor analyse le lien de Françoise Sagan à son manoir normand de Breuil, qu'elle a acquis à la fin des années 50 après avoir gagné huit millions de francs au casino. Cette demeure, située non loin de Deauville, sera sa seule et unique propriété. Elle la gardera jusqu'à la fin de ses jours, même si elle fut hypothéquée vingt fois et faillit à deux reprises être vendue du vivant de l'écrivaine.
Vue de l'extérieur, la maison du Bailly, à Milly-la-Forêt, avec ses douves de château abandonné, rappelle étrangement le décor de 'La Belle et la Bête'. Lorsque Jean Cocteau l'achète en 1947, après le tournage du film, il trouve là un havre de paix, loin du tumulte de Paris. Cette demeure devient rapidement pour lui un 'lieu de régénérescence', ainsi que l'explique Dominique Païni, muséographe de la maison Cocteau. Les déambulations dans la maison permettent de mieux cerner la personnalité de l'artiste, insaisissable et complexe, écrivain, dessinateur, cinéaste, chorégraphe et dramaturge. Une manière d'entrer dans l'intimité du créateur.
Illiers, une petite ville en plein cœur de la Beauce, non loin de Chartres, a été rebaptisée Illiers-Combray en 1971, en hommage à Marcel Proust. Car Combray est le lieu de l'enfance dans 'A la recherche du temps perdu'. Entre 6 et 9 ans, c'est là que Marcel Proust vient passer ses vacances en famille chez sa tante, dans une maison située derrière un portail qui porte le célèbre grelot décrit dans 'Du côté des chez Swann' et Proust dépeint Combray comme un endroit merveilleux. Patrick Poivre d'Arvor est parti visiter cette maison embellie et agrandie par les souvenirs d'enfant de Marcel Proust et invite à le suivre, de chambre en chambre.
À la veille de ses 50 ans, Nathalie Sarraute tombe sous le charme d'une maison à Chérence, un petit village du Val-d'Oise à 70 kilomètres de Paris. Elisabeth Kapnist revient sur les traces de l'écrivaine en compagnie de sa fille, Dominique, et d'Ann Jefferson, une spécialiste du nouveau roman et dresse un portrait de la pionnière du nouveau roman. Nathalie Sarraute était une femme de lettres exigeante, solitaire et secrète. Dans sa maison de Chérence, elle s'était aménagé un espace de travail dans la petite cave voûtée. Aujourd'hui, la maison appartient toujours à la famille. En 1999, avant sa mort, Nathalie avait fait promettre à ses filles de conserver cette demeure qu'elle aimait tant.
Exceptionnellement, Patrick Poivre d'Arvor a pu visiter la maison de Louis-Ferdinand Céline, habituellement fermée aux visiteurs et aux journalistes. Lorsqu'en 1951 l'écrivain rentre de son exil danois, il s'installe à Meudon dans ce pavillon vétuste. Il vit alors reclus dans sa maison où il entame la rédaction de la 'Trilogie allemande', une fresque romanesque sur l'Europe en ruine à la fin de la guerre. Puis, l'écrivain sulfureux retrouve son public et accueille dans cette demeure de nombreux journalistes. Jusqu'à sa mort en 1961, il va tenir son rôle de prophète maudit et multiplier les interviews provocantes. Le pavillon brûlera en mai 1968 et ses lettres et ses manuscrits seront alors détruits.
À Rochefort où il est né en 1850, l'ancienne maison de Pierre Loti est devenue un musée consacré à l'écrivain-voyageur. Car Pierre Loti a également mené une carrière d'officier de marine et une grande partie de son œuvre est autobiographique et inspirée de ses voyages à Tahiti, au Sénégal au Japon ou encore en Turquie. Cette maison est d'ailleurs celle de l'enfance de l'écrivain. Au fur et à mesure des années, elle s'est transformée en un véritable labyrinthe, en un lieu-miroir qui permettait à l'auteur de retoucher indéfiniment son portrait. C'est aujourd'hui l'un des musées les plus fréquentés de la ville avec quelque 26 000 visiteurs par an qui apprécient l'atmosphère secrète, féerique et exotique qui s'en dégage.
Colette a toujours connu la maison de Saint-Sauveur-en-Puisaye. L'écrivain y a vécu avec sa mère jusqu'à l'âge de 17 ans. Cette demeure était son nid où elle observait la nature du jardin et où elle a lu l'œuvre entière de Balzac avant d'avoir 7 ans. La romancière aimait épingler les habitants du village en les mettant en scène sous des traits incisifs et son école sera le décor du célèbre 'Claudine à l'école'. Macha Méril, qui a incarné l'auteure à l'écran, disait qu'observer et comprendre ce qui vit et ce qui meurt est ce qui a rendu cette femme solide pour toute sa vie. Une vie souvent qualifiée de scandaleuse, mais qui était en réalité celle d'une femme libre.
Patrick Poivre d'Arvor se rend à Saint-Arnoult-en-Yvelines, au moulin de Villeneuve. C'est là qu'ont vécu Louis Aragon et Elsa Triolet. De pièce en pièce, l'écrivain apparaît sous plusieurs facettes : l'intellectuel engagé, le communiste fervent, le poète amoureux d'Elsa. Désireux de fuir l'agitation parisienne, ils ont acquis et rénové cet ancien moulin à eau pour s'y installer. La visite permet d'en savoir plus sur le mouvement surréaliste qui a marqué les deux écrivains, leurs amis tels Fernand Léger. Toutes les pièces sont restées intactes. Louis et Elsa reposent aujourd'hui côte à côte dans le parc du moulin, au milieu d'une végétation foisonnante. La maison abrite un espace culturel ouvert au public, conformément aux vœux du couple.
Marcel Pagnol a grandi au pied du Garlaban, à Aubagne et ses alentours. Après des études menées dans le Sud de la France, il s'installe à Paris, au début des années 20. Mais il ne se détachera jamais de sa Provence natale. Il la décrit dans ses 'Souvenirs', ses livres ou pièces de théâtre comme 'Marius' mais aussi dans ses films, dans lesquels il fait tourner les grands acteurs du moment, comme Raimu. Il fonde d'ailleurs ses propres studios de cinéma à Marseille. Dans les années 50, l'auteur du 'Château de ma mère' acquiert un hôtel particulier à Paris, dans lequel il vivra jusqu'à sa mort, en 1974. Son épouse, Jacqueline, réside toujours dans ce lieu où plane encore la figure du célèbre écrivain-cinéaste.
François Mauriac est né à Bordeaux en 1885. L'enfance et l'adolescence de l'écrivain ont été marquées par plusieurs lieux girondins qui à leur tour ont profondément imprégné son oeuvre. Il y a dépeint les climats lourds de ces bourgs dominés par la bourgeoisie viticole. En 1927, suite à un partage familial, François Mauriac rachète le domaine de Malagar, à Saint-Maixant, qui était le lieu de la fin de son adolescence. Patrick Poivre d'Arvor raconte, par-delà la beauté à la fois simple et somptueuse de cette propriété, la rencontre entre un homme et un lieu. 'C'est moi que j'ai aimé dans Malagar...' disait François Mauriac.
Retour sur la vie de l'écrivain Georges Simenon, auteur de la série de romans policiers autour du commissaire Maigret, en découvrant les maisons occupées par celui-ci. L'homme a vécu successivement dans trois demeures, chacune possède une histoire singulière. Georges Simenon habite, tout d'abord, à Echandens lors de son arrivée en Suisse. Cet imposant château est à la fois confortable et solide, à l'image de la famille, à laquelle Georges Simenon est attaché. Celui-ci emménage, par la suite, à Epalinges. Il en dessine les plans. Il y écrit même ses derniers romans. Son dernier refuge se situe dans une rue de Lausanne. Cette 'maison rose', à la façade presque aveugle, possède la particularité d'être coincée entre deux immeubles.
Au début de l'année 1953, Boris Vian emménage au 6, bis Cité Véron, à deux pas de la place Blanche, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Vian vivait jusque-là dans une chambre de bonne du boulevard de Clichy. Cet atelier sera la dernière habitation de l'artiste. Connu pour la diversité de ses talents - il fut trompettiste de jazz, romancier, poète, traducteur, journaliste, parolier et chanteur -, Boris Vian était également fort de ses dix doigts : il a entièrement et astucieusement réaménagé ce lieu unique. La visite de son l'atelier dans lequel il a vécu permet d'évoquer son parcours et sa personnalité.
C'est ici, au fond de cette impasse, que Jacques Prévert vécut. Loin du bruit du boulevard de Clichy, mais tout près du cœur battant de Paris. C'est ici, au 6 bis Cité Véron, qu'il décida - lui, le nomade impénitent - de poser enfin ses valises. Appartement plein de charme, vue imprenable sur les ailes du Moulin-Rouge, terrasse commune avec l'écrivain et musicien Boris Vian... Avec Janine, sa femme, et Michèle, leur fille, ils y furent heureux. Vie de famille et visites d'amis, écriture, collages et créations diverses rythmèrent les jours du grand poète à partir de 1955 jusqu'à son départ pour Omonville-la-Petite, dans le Cotentin, deux ans avant sa mort, en 1977.
Une incursion dans la maison d'enfance d'Antoine de Saint-Exupéry et, à travers elle, une découverte de l'univers de l'écrivain-voyageur, mort en 1944. Très imposante, la maison d'enfance d'Antoine de Saint-Exupéry ne livre pas facilement son histoire et ses mystères. Derrière les murs de cette magnifique demeure de châtelain, l'écrivain humaniste a vécu ses plus beaux moments d'enfance. Et dans le grand parc du château, on entend encore résonner les rires du petit Antoine et de ses quatre frères et soeurs. Pilote, écrivain, voyageur et journaliste, Antoine de Saint-Exupéry, père du Petit Prince, s'est abîmé en mer avec son avion en 1944. Il avait à peine 44 ans, puisqu'il était né avec le siècle. Tout l'univers du poète se donne à voir à travers l'évocation de sa maison d'enfance, tant aimée.
Bonnefontaine, un paisible village d'éleveurs situé sur les hauteurs de Fribourg, en Suisse alémanique, dans le comté de Gruyère. Au centre du village, une fontaine offerte par Frédéric Dard agrémente la place qui porte son nom. A deux pas de là, le chalet cossu de Frédéric Dard, 'L'Eau vive', ferme du XVIIIe siècle entourée de pâturages, témoigne du destin de cet homme de coeur, profondément ancré dans sa région. Dans son bureau, pétrissant les mots avec jubilation, le truculent romancier, souvent comparé à un Rabelais des temps modernes, a écrit une centaine de livres. Après sa mort en 2000, sa famille a conservé la ferme en l'état.
Alain Fournier, le célèbre auteur du "Grand Meaulnes", vécut toute son enfance dans le petit village d'Epineuille-Fleuriel, où son père était instituteur. En 1891, à l'âge de 5 ans, le jeune Henri-Alban Fournier s'installe avec sa famille dans l'école d'Epineuille-Fleuriel, un village berrichon situé aux confins du Cher et de l'Allier. Il y passera sept années de son enfance, jusqu'en 1898, effectuant sa scolarité dans la classe de son père. Bien des années plus tard, en 1913, devenu Alain-Fournier, il situera dans cette maison-école le point de départ de son célèbre et unique roman, "Le Grand Meaulnes". Aujourd'hui encore, on peut visiter cette maison, retrouver les éclats de rire d'un enfant qui se plut à vivre dans ce lieu un brin austère, qui devait pourtant tellement le marquer.
En 1930, Jean Giono achète une maison dans le quartier du 'Paraïs', à Manosque, grâce au succès de son premier roman, 'Colline'. Rares sont les maisons qui racontent aussi bien un auteur. Giono va l'agrandir et la restaurer au fil des ans. C'est là qu'il écrira presque toute son oeuvre. De pièce en pièce, il installe ses cahiers au fil de l'inspiration et du style. En suivant cet itinéraire intérieur, les téléspectateurs sont invités à découvrir les livres qui y ont été écrits et les moments clefs de sa vie. Une exploration de l'intimité de l'une des grandes figures de la littérature française.
'Je suis à la fois un voyageur et un enraciné', disait Paul Claudel. C'est en ces mots, simples mais d'une portée claire, qu'il décrivait la courbe de sa vie. Son parcours nous conduit à deux maisons. La première à Villeneuve-sur-Fère, l'ancien presbytère où il naquit en 1868, et la seconde dans le Dauphiné, où il achète en 1927 le château de Brangues. Il y passera les 25 dernières années de sa vie. Ces deux maisons permettent de résumer un peu de l'âme de l'écrivain, éclairant à leur façon son cheminement personnel et intellectuel et éclairant à la fois son oeuvre et son existence. A Brangues, il a reçu le président Edouard Herriot ou des écrivains comme François Mauriac.
Retour sur la carrière de la femme de lettres américaine Anaïs Nin disparue en 1977. De 1930 à 1935, l'auteure a vécu en région parisienne à Louveciennes. Cette période est un moment clé dans l'existence de la jeune femme. Elle rencontra pendant ces années l'écrivain Henry Miller. Ces deux derniers nouèrent au fil de leurs rencontres une amitié littéraire ainsi qu'une liaison passionnée. Anaïs Nin marqua la littérature de son empreinte avec son journal. Il s'agit d'une oeuvre monumentale qu'elle écrit chaque jour avec attention depuis son enfance. Son premier livre, consacré à D. H. Lawrence, fut également remarqué par la sphère littéraire.
Portrait de l'écrivaine Marguerite Duras, disparue en 1996, à travers les maisons qui ont marqué son parcours. L'auteure des livres 'L'Amant', Prix Goncourt en 1984, 'Un barrage contre le Pacifique' en 1950 ainsi que de 'Yann Andréa Steiner' en 1992, a vécu dans une belle maison à Neauphle. Avec cette demeure, la femme de lettres, née en Indochine française, a dévoilé son goût prononcé pour la décoration, la cuisine et les plaisirs de la vie. Marguerite Duras se rendait également régulièrement à la 'Résidence des Roches Noires' à Trouville. Dans cet appartement, elle avait l'habitude de contempler la mer à l'infini pendant de longues heures.