Cette semaine aux Francs-Tireurs, Patrick Lagacé est au Liban durant toute l’émission : à Beyrouth, il rencontre Mazen Kerbaj, dessinateur, peintre, bédéiste et musicien. Mazen porte un regard drôle et acide sur sa société et ses concitoyens. Au volant de son scooter, il nous fait visiter, nous raconte et nous explique son Beyrouth, le Beyrouth grouillant de vie comme le Beyrouth ravagé par la guerre : il a vécu la guerre civile libanaise de 1975-1990 et aussi le bombardement israëlien de Beyrouth en 2006 pendant lequel il a tenu un blogue de dessins faits dans l’urgence, au son des bombes qui tombaient sur la capitale libanaise. Il y parle de sa colère, de sa détresse, de sa peur, de l’absurdité d’essayer de dessiner alors que la guerre gronde, de son choix de ne pas fuir sa ville comme tant de ses concitoyens. Mazen est un incroyable observateur de sa société : dans ses BD, il se moque des femmes oiseuses des riches hommes d’affaire libanais qui se plaignent de leurs domestiques philippines dans les cafés du quartier branché Gemmayzeh, il parle des camps palestiniens, des conditions de vie difficiles, il se moque des politiciens, des méandres du pouvoir, toujours avec un sourire mi-amer et un humour acéré. Patrick se rend aussi à Ein El-Hilweh, camp palestinien au sud de Beyrouth : c’est l’un des plus anciens et des plus grands camps palestiniens du Liban. Rues minuscules et défoncées, maisons construites à l’avenant, équipements sanitaires et électriques moyenâgeux, les camps sont des endroits désespérés. Sur les papiers d’identité des résidents des camps, puisqu’on leur refuse la nationalité libanaise, on écrit apatride ou ‘stateless’. Certains métiers leur sont interdits, l’avenir au Liban est bouché, mais l’espoir de rentrer un jour en Palestine est tenace, malgré qu’un retour semble invraisemblable pour des yeux occidentaux. On se balade dans le camp pour y capter la vie quotidienne d’un en