Quarante ans après le documentaire de Michel Brault, Éloge du chiac , le débat sur la question de la langue demeure brûlant d’actualité. La cinéaste Marie Cadieux rend hommage au film de Brault en reprenant le fil de la discussion qui se déroulait entre une enseignante et les élèves de l’école Beauséjour. Pour France Daigle, l’une des participantes de 1968, devenue écrivaine, la décision d’employer le chiac dans ses œuvres revenait à briser un tabou. Ce n’est que tard dans sa carrière qu’elle a osé faire dialoguer ses personnages en langue chiac, travaillant ainsi à inventer une grammaire, une orthographe et une syntaxe. Né l’année même du tournage de l’ Éloge du chiac , le dessinateur Dano Leblanc a étudié en français, puis en anglais. Il ressentait son statut biculturel comme une schizophrénie. Son personnage de dessin animé Acadieman l’a libéré comme artiste et est rapidement devenu un modèle de la culture chiac adopté par les jeunes. L’expérience des artistes chiacs, l’engouement des jeunes pour Acadieman et la méfiance que ce personnage provoque chez certains adultes illustrent à merveille le paradoxe identitaire acadien : une douloureuse opposition entre la fierté de parler le chiac et la crainte de la disparition du français. Entrecoupé d’animations humoristiques d’Acadieman, Éloge du chiac – Part 2 fait rire, grincer des dents, mais surtout réfléchir. Le chiac y apparaît comme une langue de « résistance », voire une « arme secrète » dans l’océan anglophone de l’Amérique du Nord. Cri du cœur des Acadiens, pressés d’affirmer leur identité, le film met en scène et en mots les difficultés, mais surtout la détermination des francophones du Nouveau-Brunswick à sauvegarder leur langue. Production: Bellefeuille Productions en collaboration avec l'ONF.