On compte plus de 70 murs aujourd'hui à travers le monde. Pour ce premier numéro de "Sur la Ligne", Djamel Mazi et Christophe Kenck ont pris la route le long du mur qui sépare les Etats-Unis du Mexique. Celui que l'on surnomme le "mur de Trump" a été en fait bâti par des présidents républicains et démocrates. Cette longue muraille de 1385 kilomètres est censée protéger le pays de l'immigration illégale et du trafic de drogue. Malgré ses huit mètres de hauteur, il est pourtant loin d'être infranchissable. Près de trois millions de personnes ont traversé illégalement la frontière en 2022 et 600 000 sont parvenues à rester aux Etats-Unis. Sans papiers, beaucoup ont laissé derrière eux leurs proches avec peu d'espoir de les revoir un jour. Mais parfois des petits miracles se produisent et les familles peuvent se réunir à nouveau.
Aujourd'hui, au coeur de l'océan Indien, un mur maritime se dresse entre les Comores et Mayotte. La séparation est d'autant plus brutale que les habitants des deux rives partagent la même histoire. Sous le joug d'une dictature et gangrénées par la corruption, les Comores s'enfoncent dans la misère. Pour leurs habitants, Mayotte fait figure d'eldorado.
Sur les hauteurs de Lima, au Pérou, un mur sépare les quartiers riches d'un des plus grands bidonvilles du pays. D'un côté, les élites fortunées de la capitale, de l'autre, des travailleurs pauvres qui luttent pour joindre les deux bouts. La muraille, surnommée par certains "le mur de la honte", est une véritable frontière intérieure, le symbole des fractures qui traversent la société péruvienne entre les "nantis" et les "démunis", entre Lima et les Andes, entre les citadins et les paysans, entre les "Blancs" et les "Indiens". A l'heure où le Pérou connaît une grave crise politique avec d'importants mouvements sociaux qui ont paralysé le pays, alors que les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont déjà provoqué une cinquantaine de victimes, l'équipe de "Sur la ligne" mène l'enquête.