Pour ce premier numéro nous allons nous intéresser à ceux qui dirigent les médias : de Hubert Beuve-Mery, fondateur du Monde, à Franz Olivier-Giesbert du Point, en passant par Vincent Bolloré, la figure du patron de presse fascine autant qu'elle agace… voire inquiète. Mais qui sont ces dirigeants de presse ? Forment-ils d'ailleurs un groupe homogène ? Quelle est leur place au sein des élites françaises, et surtout quelle influence ont-ils sur le travail de leurs journalistes, et comment eux-mêmes sont ils influencés par les actionnaires des médias qui les emploient ? Avec nous pour y répondre, Julie Sedel, maîtresse de conférence et directrice de recherche en sociologie et sciences de l'information à l'université de Strasbourg, auteure de Sociologie des dirigeants de presse, publié aux éditions La Découverte en mai dernier.
Le Covid-19 a, à bien des égards, été un moment de grand brouhaha médiatique. Entre les discours pleins de contradiction sur les masques, l'irruption de la figure du professeur Didier Raoult, la prolifération des prépublications qui disaient tout et son contraire, ou encore le fiasco du Lancet, il a été difficile, voire franchement impossible d'y voir clair. En filigrane, le travail des journalistes a fait comprendre au public que loin d'être un espace rempli d'honnêtes savants, la science est un formidable nid à controverses, à débats, à réflexions mais aussi à manipulations. Et qu'au fond, le temps scientifique est incompatible avec le temps médiatique.
Des nouveaux philosophes comme Bernard-Henri Lévy, jusqu’à, aujourd’hui, des personnalités comme Michel Onfray, en passant par Alain Finkielkraut ou Alain Badiou, la figure si française de l’intellectuel a envahi les médias depuis au moins un demi-siècle. Comment cette figure s’est imposée sur les plateaux télé et dans les tribunes de nos journaux ? Et qu’a-t-elle à nous dire du monde médiatique et universitaire ? C’est ce dont on va parler dans ce nouvel épisode de Savoirs médiatiques, avec notre invité, Boris Attencourt, docteur en sociologie, auteur d'une thèse soutenue à l’EHESS, l'École des hautes études en sciences sociales, intitulée "Les intellectuels à l’épreuve de la visibilité", ou comment "faire carrière en dehors de l’université".
"Les faits divers, ce sont aussi des faits qui font diversion", disait Pierre Bourdieu en 1996. Et cette diversion, on la trouve partout dans les médias, que ce soit en une des quotidiens, des magazines ou en ouverture des journaux télévisés. Pour justifier de traiter ce genre d'affaires, les journalistes expliquent souvent que les faits divers ont des choses à nous dire du monde comme il est, qu'ils sont des révélateurs des tensions qui traversent telle époque ou telle société. Qu'ont-ils alors à nous apprendre sur une société un siècle plus tard ? Et comment traitait-on des crimes dans la presse française du début du 20e siècle ?
L’école, cette passion française, est un objet médiatique à part entière. On se demande parfois si les fantasmes des médias à son sujet sont bel et bien en adéquation avec la réalité des professeurs et des élèves. Bref, et si les débats publics sur l’école, n’étaient pas au fond que les émanations des biais journalistiques ? C’est le sujet de ce nouveau numéro de Savoirs médiatiques.
Des vidéos courtes, des messages forts, un montage hyper dynamique, et des sous-titres en gros caractères : le média Brut a imposé sa patte et sa vision du journalisme dans le paysage médiatique français, avec ses contenus taillés pour les réseaux sociaux et le visionnage sur les écrans de téléphone. Au point que ses formats vidéo ont été très largement copiés par à peu près toute la presse, et même au-delà. Mais ces formats conçus pour être partagés à foison sont ils aussi bruts qu'ils en ont l'air ? Quels sont les tenants et les aboutissants – autant éditoriaux que financiers – derrière les vidéos Brut ?
C'est une obsession, peut-être même une phobie pour les médias traditionnels : comment diable s'informent les jeunes ? Pourquoi avoir abandonné la télé ? Est-ce qu'Instagram et TikTok les abrutissent ? Est-ce que les jeunes lisent encore seulement quelques journaux parfois ? Bref, au-delà des fantasmes, quelle est la réalité du rapport des jeunes à l'actualité ? Pour la rentrée de Savoirs Médiatiques, nous recevons Anne Cordier, enseignante-chercheuse en sciences de l'information à l'Université de Lorraine. Et autrice d'une vaste enquête, Grandir informés, concernant les pratiques informationnelles des jeunes, publiée chez C et F éditions.