"La Tristesse du roi" d'Henri Matisse -1952- Centre Georges Pompidou, Paris. Composé à Nice, à l'hôtel Régina où le peintre est installé depuis 1949, "La Tristesse du roi", tableau de près de 4 mètres sur 3, est une des dernières grandes oeuvres de Matisse. Le tableau a été réalisé selon la technique des papiers découpés : le peintre, immobilisé par la maladie, découpe les formes sur des feuilles auparavant gouachées. Il dirige une assistante qui les épingle et les déplace sur le mur jusqu'à trouver l'équilibre souhaité. Les ciseaux, maniés avec dextérité, remplacent donc désormais crayons et pinceaux. Les tons purs utilisés pour la composition éliminent tout modelé et permettent au peintre de ne jouer que sur les rapports entre les couleurs et surtout sur les contrastes : blanc-noir considérées par Matisse comme des couleurs à part entière, rouge-vert, bleu-jaune, etc. Le titre quelque peu énigmatique a de quoi surprendre chez le peintre de la joie de vivre, du bonheur et de la volupté. Peut-être fait-il référence à un épisode biblique, déjà illustré par Rembrandt, ou bien à un poème de Baudelaire, "La Vie antérieure". Mais c'est aussi une sorte d'autoportrait : le vieil homme se peint en musicien, au milieu de ce qui a toujours été l'essentiel de sa vie et de sa peinture: la danse, la musique, les fleurs, les couleurs. Et le tableau, qui renvoie par ses formes et par ses teintes à bien des oeuvres peintes des dizaines d'années auparavant, est aussi en résonance avec tous les autres papiers gouachés et découpés dont Matisse couvre ses murs en ces années-là. Les formes découpées, exubérantes, évolutives dont Matisse s'entoure ont été fixées par les nombreuses photographies faites à cette époque. Les films méconnus ou récemment retrouvés permettent aussi de découvrir les gestes du peintre ou de ses assistantes.
Name | Type | Role | |
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Alain Jaubert | Director |