Le minitel, genre boite marron carrée du style de la vieille télé de mémé, objet moderne et révolutionnaire des années 1980-90, fut en avance sur son temps. On pouvait réserver des billets de train, d'avion, de spectacle, consulter son horoscope et la météo, lire la presse quotidienne … un vrai bijou de technologie … mais sans image, sans vidéo. Eh oui, internet n'existait pas encore.
A l'époque, la plateforme Gretel permettait aux techniciens de dialoguer entre eux pour régler les problèmes rencontrés par les utilisateurs du minitel. La légende dit qu'un jeune malin réussi à pirater ce système interne et à le rendre public : c'est la naissance du tchat. Du coup, des gens découvraient de nouvelles façons de se rencontrer, entre inconnus, sous couvert d'anonymat en créant des pseudos. Les communautés d'homos trouvaient à qui parler, les malentendants avaient un outil révolutionnaire de discussion. C'était le plaisir de discuter, de s'amuser, une forme de liberté à travers toute la France, mais seulement la France.
La naissance de la messagerie – surtout version rose avec les 3615 Aline et 3615 Ulla - c'est le début des records de connexion, les tchats et embryons de mails, et la naissance des services payants avec le Kiosque. Du coup, explosion des factures basées sur la durée de consultation, à l'origine de fortunes et d'inspiration pour les futurs géants du numérique.
Le minitel, cette exclusivité hexagonale avant-gardiste de papa est aujourd'hui démodée, mais la vieille boite beige n'a pas fini de parler d'elle : cet objet défunt est devenu un objet de collection vintage, donc chic, star des brocantes, et aussi réhabilité par une véritable communauté de passionnés du minitel.
A bien y regarder, le petit terminal ringard a préparé les utilisateurs à l'interactivité et à la communication par écran interposé. Chaque français de plus de 35 ans garde un souvenir du minitel qui lui est propre, qui n'a pas disparu de son imaginaire, qui fait voyager et rend nostalgique. Des millions de foyers se connectaient car l'anonymat et les données étaient vraiment protégés. Une comm privée, c'était vraiment une comm privée. Un passé révolu !