Mon enquête commence : C'est depuis mon lieu de résidence en Suisse que je décide de partir sur les traces de l'auteur du Livre de l'Apocalypse, Saint Jean. Je me rends pour cela en Grèce, en mer Égée, sur Patmos, « l'île de l'apocalypse » où l'apôtre aurait eu sa célèbre révélation. Quels secrets renferme cet endroit et que peut-il nous apprendre sur Jean et le contexte historique de l'écriture de l'Apocalypse ? Et surtout, quelles sont ces Sept Églises dont parle le texte ?
Je me dirige maintenant vers Éphèse, première Église citée dans l'Apocalypse de Saint Jean. Éphèse était la plus grande métropole de l'Asie mineure au premier siècle, et également la capitale de l'occultisme et du paganisme. L'apôtre Paul s'établit dans cette ville et y prêcha passionnément l'Évangile, au point de bousculer les codes culturels et religieux de la cité, déclenchant sur son passage révoltes et tumultes. La lettre adressée à Éphèse ne tarit pas d'éloge sur cette Église qui avait si bien commencé ; pourtant, quarante années plus tard, on lui reproche d'avoir oublié « son premier amour ». Que s'est-il donc passé ?
Depuis les débuts tumultueux du christianisme, les chrétiens ont régulièrement été victimes de fortes oppositions, voire de persécutions, comme à Smyrne. Deuxième Église citée dans l'Apocalypse, Smyrne est aujourd'hui la grande ville turque d'Izmir. C'est là que je me rends. Bien que le christianisme soit aujourd'hui devenu l'une des plus importantes religions au monde, la persécution de millions de chrétiens perdure à notre époque moderne. L'Église de Smyrne peut-elle, aujourd'hui encore, aider notre communauté chrétienne en nous apportant des réponses quant à l'attitude à tenir face à ces souffrances injustes ?
D'après les prophéties de l'Apocalypse, apparaîtra, aux temps de la fin, un dictateur d'un totalitarisme absolu qui sera l'exact contraire du Christ : l'Antéchrist. Sa mission sera de répandre le mal et de préparer l'avènement de son maître, Satan lui-même. Nombre de personnalités ont été assimilées à l'Antéchrist par l'Église au cours de l'Histoire : Néron, plusieurs papes, Luther, Mahomet, Staline ou Hitler... Ma prochaine enquête me mène sur les traces de cet être maléfique, à Pergame, troisième ville citée parmi les Sept Églises. D'après L'Apocalypse, c'est dans cette cité que se trouverait « le trône de Satan ». Pergame symbolise l'alliance entre la puissance impériale et le pouvoir religieux des cultes païens en Asie mineure, faisant de cet endroit la ville la plus sombre de l'Empire, et un lieu spécialement dangereux pour les chrétiens de l'époque.
Le Nouveau Testament fait mention à deux reprises de Thyatire, ma destination. Ces passages dépeignent deux femmes que tout oppose : Lydie, dans les Actes des Apôtres, et Jézabel dans L'Apocalypse. De tout temps, les hommes ont été tentés par la séduction sexuelle et la corruption morale qui les ont maintes fois poussés à commettre les pires bassesses et manipulations pour assouvir leurs désirs charnels. La prostitution symbolise l'immoralité par excellence. Mais la Bible condamne particulièrement l'impudicité et la prostitution, lorsqu'elles deviennent sacrées, c'est-à-dire offertes à un dieu ou à une déesse païenne, au travers de rituels religieux. L'apogée est atteinte lorsque l'on mêle séduction et manipulation spirituelle et c'est ici l'objet de la lettre adressée à l'Église de Thyatire, où je me rends pour tenter d'éclaircir le mystère entourant ces deux femmes totalement opposées l'une à l'autre : Lydie et Jézabel.
Entre grandeur et décadence, déviances et abus, conversions forcées, excommunications et guerres de religions, l'on peut dire que l'Église chrétienne est particulièrement instable. Elle n'a cessé de se réformer, rejetant certaines traditions religieuses ou les protégeant au contraire. Quel est le mystère qui a suscité ces grands retournements dans l'Histoire de l'Église ? Quelle est la force qui a poussé ces hommes et ces femmes à défier l'autorité et à prêcher une alternative ? Ces interrogations me conduisent à Sardes, dont la lettre avertit du risque de la mort spirituelle et appelle à se réveiller.
Avec Constantinople comme capitale, et le contrôle des terres autour du bassin méditerranéen, l'Epire ottoman fut au centre des interactions entre les mondes oriental et occidental pendant six siècles, et en particulier avec le monde chrétien. Les chiffres font débat, mais l'on estime qu'il y avait une nombreuse population chrétienne en Turquie à la chute de l'Empire en 1924, alors que la population musulmane est, de nos jours, majoritaire à 95%. Il est difficile de croire aujourd'hui que ce pays fut le berceau du christianisme. Pourtant, c'était bien la Turquie qui accueillait les 7 Églises de l'Apocalypse. Philadelphie, la Sixième Église, étant la plus victorieuse de toutes, celle qui est montrée en exemple dans L'Apocalypse. C'est ce que je vais pouvoir constater.
La riche civilisation impériale romaine aspirait au divertissement et au plaisir. C'est ce que l'on peut observer, aujourd'hui encore, jusque dans les ruines de ses amphithéâtres, cirques, et thermes… En cela, notre société occidentale moderne s'en rapproche beaucoup, car nous n'avons jamais été aussi riches de divertissements et de loisirs qu'en ce XXIème siècle. La lettre à l'Église de Laodicée aborde justement ce sujet. C'est aussi la lettre de l'Apocalypse la plus connue et la plus commentée, celle qui s'ancre le plus dans notre époque. Que peut-elle donc nous apprendre sur notre temps ?
Dérèglements climatiques, pandémies, guerres, risques atomiques, surveillance de masse et danger de dictature numérique… Notre époque et son actualité nous renvoient bien souvent à cette idée de fin du monde. Si l'eschatologie est en effet réputée très sombre, le message du livre de L'Apocalypse est populaire pour de mauvaises raisons. Il offre finalement un message plein d'espoir, ce qui est paradoxalement une bonne nouvelle. J'ai terminé mon voyage, mais mon enquête ne s'arrête pas là pour autant ! De retour en Suisse, je reprends plus en détail le message de l'apocalypse : c'est l'heure du bilan.