Avec l'indépendance de la Jamaïque en 1962, le sound system traverse l'Atlantique en même temps qu'une immigration de masse - des Jamaïcains à qui l'on a promis "des rues pavées d'or". Il y devient une arme de résistance, et une soupape pour les jeunes migrants, qui affrontent pour la première fois en Angleterre un mal qu'ils ne connaissaient pas : le racisme sociétal. Un lieu va cristalliser ce choc des cultures : le carnaval annuel de Notting Hill à Londres, longtemps le symbole de ces tensions entre deux mondes et lieu d'affrontements entre jeunes immigrés et forces de police, dans un quartier aujourd'hui en cours de gentrification avancée. Avec les patrons de ces sound systems mythiques vétérans (Channel One, Aba Shanti), immersion dans la folie du carnaval, événement au rôle éminemment crucial pour la communauté jamaïcaine ou se crée, selon l'universitaire Paul Gilroy, "un nouvel espace, un nouveau foyer pour les populations de la Diaspora Noire de l’Atlantique".