Selon la théorie farfelue de la Terre plate, l'île Fogo serait l'un des quatre coins du monde. Onze communautés se partagent ce territoire de 237 kilomètres carrés, accessible par traversier depuis la côte nord-est de Terre-Neuve. Ainsi nommée par les Portugais au 16e siècle, Fogo a été colonisée par les pêcheurs irlandais et anglais qui s'y sont établis au début du 18e. Dépourvue d'électricité jusqu'en 1971, l'île est restée longtemps à l'écart de la vie moderne. Fogo a su se réinventer et présente aujourd'hui un visage résolument contemporain en harmonie avec son identité insulaire.
À 35 kilomètres des côtes néo-brunswickoises, l'île de Grand-Manan est comme une virgule entre le Canada et les États-Unis. Surnommée " la reine des îles de la baie de Fundy ", avec ses 34 kilomètres par 18, elle forme le plus vaste territoire de cet archipel. Théâtre des plus fortes marées du monde, Grand-Manan sait se montrer généreuse envers ses 2400 habitants, dont beaucoup cueillent ses offrandes.
Seul territoire français en Amérique du Nord, l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon est situé à quelques encablures de Terre-Neuve. Sur 24 kilomètres carrés, Saint-Pierre abrite 6 000 habitants, la majeure partie de la population de ce minuscule coin de France au milieu de l'Atlantique.
Miquelon-Langlade est formée de deux presqu'îles reliées par un isthme de sable. Les 627 Miquelonnais sont pour la plupart descendants de Basques et de Normands mais aussi d'Acadiens venus à la suite de la déportation. Tous sont fiers de leur appartenance à leur coin de France en Amérique.
Dans la baie de Fundy, Campobello est une île d'exception. Territoire canadien plus proche du Maine que du Nouveau-Brunswick, elle est presque uniquement accessible par les États-Unis. 925 personnes sur ses 40 kilomètres carrés. Campobello a pendant plusieurs décennies été un lieu de prédilection pour le président Franklin Delano Roosevelt.
Dans la baie de la Conception, au large de Terre-Neuve, l'île de Bell se dresse comme un brise-lames face à la mer. Les 2 400 résidents qui se partagent 34 kilomètres carrés sont les derniers d'une communauté jadis prospère, à l'histoire fascinante.
Territoire de 150 km2 à l'extrémité nord-est du Nouveau-Brunswick, l'île Lamèque est reliée par un pont à la ville de Shippagan et un autre à l'île Miscou. L'esprit d'entraide, essentiel pour tous les insulaires, s'est développé ici à tel point que la coopération fait partie de l'ADN de près de 5 500 résidents. Depuis plus de 40 ans, la communauté se rallie annuellement autour d'un festival unique qui enchante l'île par ses airs baroques. Si la musique résonne ici, c'est grâce à la solidarité et la coopération des insulaires qui ont su mettre à profit leurs talents, leurs ressources naturelles et surtout leur attachement à leur île.
Au sud de la Nouvelle-Écosse, la baie de Mahone est semée de nombreuses îles. Parmi celles-là sur Big Tancook, 125 résidents se partagent 6 km carrés d'insularité totale, confrontés aux éléments et à l'isolement. On y accède uniquement par un traversier piéton d'environ 40 minutes qui dessert l'île et sa petite sur, Little Tancook, où on trouve une vingtaine de résidents.
Enveloppée de brume, Brier est située dans la baie de Fundy, au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Les 218 habitants doivent prendre deux traversiers pour se rendre à la terre ferme. L''île vit de la pêche et du tourisme d'observation de baleines. Le plus célèbre des enfants de l'île est Joshua Slocum, le premier homme à faire le tour du monde à la voile en solitaire en 1895.
À l'ouest de la Nouvelle-Écosse, les îles Tousquet sont généralement inhabitées. L'archipel offre un port d'attache pour les homardiers durant la saison de pêche. Mais avec l'évolution des moyens, les pratiques changent et les campements de pêcheurs, ne seront bientôt plus qu'un souvenir. Si le temps et la modernisation de la pêche changent peu à peu la destinée des îles Tousquet, il n'en demeure pas moins qu'elles sont bien ancrées dans l'identité de ces Néo-Écossais.
Pictou se situe entre l'Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse, accessible par traversier piétonnier pour la centaine de vacanciers qui y viennent en saison estivale. Mais le reste de l'année l'île révèle toute sa singularité et ses défis à ses neuf résidents permanents. Comme le réseau électrique ne s'est jamais rendu sur l'île, habiter sur Pictou, c'est prendre conscience de notre grande dépendance énergétique et se confronter à notre confort et au manque d'une foule de commodités modernes. Cette île minuscule est un modèle d'autonomie et un rappel que le passé, les manières d'autrefois sont peut- être garants de l'avenir.