À Moscou, en 1900, Grigori Schneider possède une maison de couture réputée. Sous le règne du tsar Nicolas II, les Russes de religion juive sont soumis à une législation de plus en plus répressive. Seuls les puissants industriels juifs ont le droit de résider dans les grandes villes. Pour pouvoir rester à Moscou, la famille Schneider a dû se convertir à la religion orthodoxe. Les filles aînées Fania et Tatiana sont deux jeunes femmes gâtées et choyées. Aussi dissemblables que complices, elles goûtent la vie chacune à sa manière. Fania, tendre, rêveuse, romantique, tente de se dérober à la passion dévorante de Wassiliev, un cosaque antisémite. Tatiana, fougueuse intellectuelle, est éprise de justice et de progrès pour son pays. La grande Histoire est en marche, la révolution de 1905 engendre des troubles et les violences se succèdent. Fania fuit avec Wassiliev et l’épouse, au grand désespoir de sa famille. Pour ne rien ajouter au chagrin de ses parents, Tatiana sacrifie son premier amour, Itzhak, et se marie à Leonid Stern, riche industriel juif. La Russie connaît de nouveau des bouleversements meurtriers avec la Première Guerre mondiale et la révolution bolchévique. La persécution des bourgeois s’intensifie, Tatiana et Leonid fuient la Russie pour l’Allemagne avec leurs deux filles, Sofia et Natalia.
La famille Stern s’installe à Berlin comme beaucoup d’autres Russes exilés. Tatiana et Leonid retrouvent leurs amis et renouent avec leur luxueux train de vie, l’ivresse des bals et la gaieté d’antan. Le champagne coule de nouveau à flot, la répression et les temps difficiles ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Mais l’euphorie est de courte durée… Leonid ruiné par des escrocs russes décide d’acheter une boucherie dans un petit quartier de Berlin. Malgré les difficultés, la vie reste joyeuse. Mais Leonid tombe malade, les excès ont eu raison de sa santé, c’est bientôt l’amputation. Tatiana décide d’abandonner la boucherie et transforme sa maison en pension de famille. Sofia et Natalia, devenues des jeunes femmes, tentent de vivre leur vie. Sofia, éperdue d’amour et de romanesque, goûte chaque instant. Sa soif de vivre fait tourner la tête des hommes, elle cherche l’amour dans leurs bras. À l’inverse de Natalia, posée, responsable et travailleuse, qui ne se destine qu’à un seul amour. Les répercussions du krach boursier de 1929 se font durement ressentir, la pension est menacée car les locataires ne sont plus en mesure de payer. Mais la vie continue au gré des mariages : celui de Sofia, sous le signe de la passion, celui de Natalia, sous le signe de la raison. Mais cette dernière, ne supportant pas cette union avec un homme qu’elle hait, fuit dans la nuit pour retrouver ses parents. Plus tard, elle rencontre Micha dont elle tombe amoureuse. Parallèlement, les actions antisémites se multiplient dans Berlin, qui voit la montée du nazisme et l’arrivée de Hitler au pouvoir.
La pension est sur le point de fermer, Micha perd son emploi d’ingénieur. Emporté par sa passion du cinéma, il devient scénariste sous un nom d’emprunt. Marié à Natalia et papa d’une petite Anna, il prend en charge toute la famille. Mais sur dénonciation, il est contraint de quitter Berlin et part pour Paris. Il y décroche un contrat et réussit à faire venir Natalia, Tatiana, Leonid et Sofia. La gaieté et l’aisance reviennent dans les maison : Micha est très demandé dans le milieu du cinéma, Natalia donne naissance à une deuxième petite fille, Lena qui sera plus tard la narratrice de cette histoire. Le bonheur est malheureusement de courte durée : Leonid meurt, laissant Tatiana et ses filles dévastées par la douleur et le chagrin. Quatre ans à peine sont passés que de nouveau, ils sont obligés de fuir Paris, les Allemands ont envahi la France…